► Dictionnaire biographique

AUTEURS : Gauthier Bouchet (GB), Yannis Labaigt (YL), Benjamin Ratichaux (BR)


  • A

Flavius Aétius — Alain de Lille — Alexandre VII — Antonin le Pieux


Flavius Aétius (vers 395-454)

Homme politique et militaire romain d’Occident

Flavius Aétius naît à Durostorum (actuelle Silistra, en Bulgarie). Son origine est semi-barbare : mère romaine et père scythe, haut gradé de l’armée d’Occident. Elevé à la cour impériale de Honorius, à Milan, puis à Ravenne, il est intégré aux prétoriens, c’est-à-dire la bureaucratie de la Préfecture du Prétoire.

Alors que les Wisigoths envahissent l’Empire romain d’Occicent, en 405, il est pris en otage. Puis, il est envoyé comme otage auprès de Ruga, roi des Huns, et se lie à son neveu : Attila. Cette proximité étonnante avec les Huns donne à Aétius une compréhension fine de leur psychologie et de leur art militaire.

Libéré par les Huns, tout en gardant des liens avec, Aétius devient gouverneur du Palais. Nommé préfet du prétoire des Gaules, il est confronté aux grandes invasions. Devant ses succès militaires face aux barbares, l’empereur Valentinien III l’élève ensuite au grade de généralissime. Repoussant difficilement Attila aux Champs catalauniques, en 451, il est perçu avec crainte et jalousie par l’empereur, qui l’assassine, peu de temps de temps après. Optila et Thraustila, membres de sa garde, ne manquent alors pas de le venger, en tuant l’empereur.

GB

Alain de Lille (vers 1117-1203)

Théologien cistercien français, poète

Paraissant avoir enseigné à Paris, Alain de Lille prend part au concile de Latran, en 1179. Littérateur de renom, il écrit notamment  le poème De planctu naturae (Les Lamentations de la Nature), satire morale à plusieurs niveaux de lecture, dépeignant les pêchés du genre humain et une nature personnifiée.

Il combat l’émergence de la philosophie scolastique, en animant une réaction mystique qu’il décrit dans le détail dans son Anticlaudianus. Selon lui, la raison, que guide la prudence, peut découvrir d’elle-même les vérités de l’ordre physique, devant se fier à la foi pour le reste. On lui doit l’une des premières descriptions (partiale) du phénomène cathare.

GB

Alexandre VII (1599-1667)

Pape de l’Église

Alexandre VII, né à Sienne sous le nom de Fabio Chigi, grandit dans une famille illustre. Son propre père est le neveu du pape Paul V. Nommé inquisiteur à Malte en 1634, Chigi entérine la condamnation du jansénisme, à la suite d’Innocent X, et met les Provinciales de Blaise Pascal à l’Index.

Il représente les États pontificaux lors des négociations préparatoires aux traités de Westphalie, après la guerre de Trente ans. Par la suite, Chigi crée le vicariat apostolique de la Nouvelle-France. Dans ces deux tâches, il affirme avec vigueur une hostilité logique au protestantisme.

Élu comme pape de l’Église en 1655, à la suite d’Innocent X, il prend alors le nom d’Alexandre VII. Au titre de son influence dans les arts, on lui doit la fin des travaux, place Saint-Pierre, avec la mise en place de la colonnade du Bernin.

GB

Antonin le Pieux (86-161)

Empereur romain

Antonin le Pieux (Titus Aurelius Fulvus Boionus Arrius Antoninus) naît à Lanuvium, actuelle Lanuvio, dans le Latium. Administrateur civil, il commence classiquement sa carrière par la questure et la préture. Fils et petit-fils de consul, il accède lui-même au consulat en l’an 120, puis devient proconsul d’Asie.

Il devient empereur en 138, succédant à Hadrien. L’aura de son règne donne son nom à une dynastie impériale, que, au reste, l’historiographie fait commencer avant lui — sous Nerva — et intitule les Antonins, soit les « Cinq bons empereurs », succédant aux Julio-Claudiens.

Par opposition à l’expansionnisme de Trajan, au début du siècle, Antonin le Pieux n’est pas un empereur conquérant. Il veille avant tout à consolider ce que possède Rome, érigeant en mur dans les Îles britanniques : le mur d’Antonin, qui vient doubler celui de son prédécesseur. Pris de fièvre, il meurt à Lorium, en Étrurie, laissant un empire stable et des provinces pacifiées, mais toutefois affaibli financièrement, faute des ressources habituelles des butins de guerre.

GB


  • B

Babeuf, François  Bainville, Jacques — Balthasar (von), Hans Barère, Bertrand Benoît XVI — Bernis (de), François-Joachim de Pierre — Bluche, François


François Babeuf (1760-1797)

Archiviste, journaliste et homme politique français

François Babeuf, plus connu sous son surnom de Gracchus Babeuf (en référence aux Gracques romains) travaille dès la sortie de l’enfance. A l’âge de douze ans, il est terrassier au canal de Picardie. Engagé comme apprenti à Flixecourt, près d’Amiens, il se spécialise en parallèle dans le droit féodal.

En 1781, il se met à son propre compte comme géomètre, à Roye. Inspiré par Jean-Jacques Rousseau et les Lumières, il théorise une doctrine de collectivisation des terres et promeut l’égalité parfaite des hommes. Accusé d’incitation à la rébellion, il est arrêté en 1790. Mais Jean-Paul Marat le fait libérer. Babeuf devient athée, et se lance dans un éphémère Journal de la Confédération, puis Le Correspondant picard, plus durable. Ces deux titres appuient notamment une propagande contre le suffrage censitaire.

Élu dans la Somme en 1792, il siège à gauche, parmi les Montagnards, bien que critique des robespierristes, dont il dénonce le « populicide » vendéen. Après Thermidor An II, il lance une nouvelle feuille, Le Journal de la liberté de la France, puis complote contre le Directoire. C’est la conjuration des Égaux, qu’il paie de sa vie, en 1797. Au XIXe siècle, ses suiveurs le considèrent, ainsi que sa doctrine (le babouvisme) comme précurseurs du communisme.

GB

Jacques Bainville (1879-1936)

Historien et écrivain français

L’historien aurait pu n’être qu’un disciple de plus d’Ernst Lavisse. Il n’en est rien. Lassé de l’histoire dite méthodique promue par la jeune Troisième République, Bainville s’intéresse à l’économie, la géopolitique et aux lettres. Cette somme de considérations mène à une œuvre riche et rigoureuse.

Il est l’un des premiers collaborateurs de l’Action française (AF), après sa rencontre avec Charles Maurras en 1900. Inquiet de la montée en puissance de l’Empire allemand, il saisit et condamna l’incapacité républicaine à y faire face. N’étant pas anti-dreyfusard, il est cependant exaspéré par la récupération de l’affaire par les gauches. Communiant dans l’Union sacrée en 1914, il alerte l’opinion sur l’iniquité des traités d’après-guerre dans un ouvrage prémonitoire, Les conséquences politiques de la paix. Bainville rompt ainsi partiellement avec l’AF.

Soucieux de rendre hommage à l‘ouvrage monarchique, il publia une Histoire de France en 1924, dont le succès joua pour beaucoup dans sa réception à l’Académie et sa renommée post mortem. Anticommuniste comme antifasciste, Bainville participe à promouvoir l’image de la monarchie traditionnelle, corporatiste mais centralisée. Son grand paradoxe réside dans sa prise de position — via Maurras et sous des prétextes postrévolutionnaires — en faveur des Orléans en contradiction avec un droit public français méconnaissant de telles considérations.

BR

Hans von Balthasar (1905-1988)

Prêtre et théologien suisse, jésuite

Hans von Balthasar effectue ses études chez les Bénédictins, puis il se spécialise dans la philosophie, à Vienne. Se sentant appelé par Dieu lors d’une retraite spirituelle à Bâle, il s’engage dans un doctorat sur l’eschatologie dans la littérature allemande, tout en commençant son noviciat, dans la Compagnie de Jésus.

Ordonné prêtre en 1936, Balthasar refuse un poste à l’Université grégorienne de Rome. Resté à Bâle, il se lie à Henri Sonier de Lubac, ce qui l’ouvre à la patristique des Pères de l’Église, conçus comme répondant à quatre « notes » (exigences). Quittant la Compagnie de Jésus (1950), il ne prend pas part au IIe concile du Vatican.

GB

Bertrand Barère (1755-1841)

Juriste et homme politique français

Né à Tarbes, dans un milieu bourgeois, Bertrand Barère est fils de procureur. Lui-même procureur, puis Premier consul de Tarbes, il est désigné comme président des représentants du Tiers, aux assemblées des Etats de Bigorre. En 1770, il débute des études de droit. Il devient avocat au Parlement de Toulouse.

Intégré à la noblesse par sa femme, Elisabeth de Monde, il améliore ses réseaux et est notamment coopté dans la franc-maçonnerie toulousaine, au sein de la Loge encyclopédique. Fortuitement parti à Paris en 1788, dans le cadre d’un procès familial, il fréquente la Société des Amis des noirs et, surtout, s’implique en politique. Élu député du Tiers en Bigorre, Barère crée un journal modéré : Le Point du jour. Après la nuit du 4-Août, symboliquement, il abandonne les droits seigneuriaux dont il jouit à Vieuzac.

Soutien d’une monarchie constitutionnelle, il se fait toutefois admettre au sein du club des Jacobins, avant de s’en détacher lors de la scission de ses éléments les plus modérés, donnant la Société patriotique de 1789. Il redevient par la suite député à la Convention nationale. Siégeant dans la Plaine, il se rapproche de Robespierre. Présidant la Convention à partir de décembre 1792, il refuse l’appel au peuple demandé par les Girondins puis intègre le Comité de salut public.

GB

► Benoît XVI (1927- )

Prélat et théologien catholique allemand, pape de l’Église

Fils d’opposants au nazisme, Joseph Ratzinger, après avoir été forcé à intégrer les Hitlerjugend (Jeunesses hitlériennes) refuse à dix-sept ans d’entrer dans la Waffen-SS (armée de la SS), aspirant à entrer au séminaire. Il doit toutefois participer à l’effort de guerre au sein de la Wehrmacht, mais déserte.

Ordonné prêtre par le cardinal Faulhaber, il est nommé archevêque de Freising (1977). Élevé au cardinalat, il devient préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Conservateur, il est élu en 2005 comme pape de l’Église catholique, succédant à Jean-Paul II. Premier pape allemand depuis Victor II le XIe siècle, il exécute un pontificat critiqué pour certaines de ses positions, sur l’homosexualité, l’Islam ou le génocide amérindien. Mais il affirme également une parole forte et innovante sur des sujets comme l’environnement et l’antisémitisme.

De manière totalement inédite, il annonce en février 2013 son souhait de renoncer à son pontificat, chose effective un mois plus tard. L’argentin Jorge Mario Bergoglio, ancien cardinal de Buenos Aires, lui succède alors, sous le nom de François. Benoît XVI prend depuis le titre de pontife romain émérite, et se retire au monastère Mater ecclesiae du Vatican, une communauté contemplative.

GB

François-Joachim de Bernis (1715-1794)

Littérateur et diplomate français

Le cardinal de Bernis clôt la liste des prélats gouvernant aux côtés des rois de France, commencée par Richelieu. Ses ascendances sont à chercher dans la noblesse languedocienne localisée dans le Vivarais. Élève de Louis-le-Grand, il choisit à seize ans les ordres et entre au séminaire de Saint-Sulpice.

En parallèle de sa formation sacerdotale, il fréquente les salons parisiens — et les milieux libertins — et se fait remarquer par la future marquise de Pompadour, qui l’invite à son château d’Étioles. La liaison que la marquise entretient avec Louis XV ouvre la voie des responsabilités pour Bernis. D’abord ambassadeur à Venise (1752-1755), il est entendu qu’il exercera les mêmes fonctions à la cour bourbonienne de Madrid. L’urgence de rétablir l’équilibre entre puissances européennes fait passer le projet de vie à trépas.

Ainsi, Bernis devient l’un des leviers du retournement des alliances (effectif par le traité de Versailles) et entre au Conseil du roi. L’épisode déclenchant l’ire de Frédéric II, la France et l’Autriche, fraîchement alliés, sont jetés dans la guerre de Sept ans, dont la tournure désastreuse (1757-1758) débouche sur la démission de l’évêque. Créé cardinal et chargé d’ambassade à Rome, le prélat y demeure jusqu’à sa disparition. Partisan de la disparition de l’ordre des Jésuites, il est en revanche un adversaire à distance de la Révolution.

BR

Jacques-Nicolas Billaud-Varenne (1756-1819)

Pamphlétaire et homme politique français

Après des études de lettres, il devient avocat au Parlement de Paris (1785). Dès cette date, il s’en prend aux ministres et au clergé dans des pamphlets aux titres subjectifs, comme Le despotisme des ministres de France. Une telle disposition d’esprit lui fait accueillir positivement la Révolution.

Secrétaire de l’avocat Georges Danton, et proche de Jean-Paul Marat, il s’inscrit aux Jacobins, et ne fait pas mystère de ses convictions républicaines. Il prend la suite du premier à la tête de la Commune insurrectionnelle de Paris, en août 1792, et est l’un des responsables des massacres de Septembre. Élu député de la Seine à la  Convention, il siège sur les bancs de la Montagne, fait adopter le calendrier révolutionnaire, le 22, et participe à l’instauration de la Terreur.

Ayant déjà voté pour la mort de Louis XVI, Billaud-Varenne poursuit son zèle vindicatif contre Philippe-Égalité, la frange girondine, Marie-Antoinette et les hébertistes. Lâchant Maximilien Robespierre quand vient Thermidor (juillet 1794), il est néanmoins condamner à la déportation en Guyane et ne revoit jamais la métropole. Il finit son existence à Haïti.

BR

François Bluche (1925-2018)

Historien français

Né à Cornimont (Vosges), Bluche est le fils d’un industriel. Bien que sa famille soit pétaniste, il s’engage dans la Résistance FTP en 1942. Journaliste pour la publication communiste Rouge Midi à la Libération, il se désengage toutefois rapidement du militantisme, tout en virant à droite.

Bluche commence alors une carrière universitaire, se spécialisant en histoire moderne. Agrégé, il soutient par la suite une thèse sur les magistrats du Parlement de Paris sous Louis XV, dans laquelle il rompt quelque peu avec l’approche classique des Annales, et renoue avec une histoire événementielle, des grands hommes et des grands faits.

Nommé à l’Université de Besançon en 1957, puis à Nanterre, il travaille alors avant tout à l’histoire des mentalités sous l’Ancien Régime. Son oeuvre majeure, une biographie monumentale de Louis XIV, le consacre comme spécialiste du Grand siècle. Bluche est également connu pour son étude comparative des monarques prussien, autrichien et russe dans Le despotisme éclairé (1968). Sur le plan privé, il finit sa vie comme protestant, après une longue période agnostique.

GB

Herman Boerhaave (1668-1738)

Médecin et chimiste néerlandais

Homme de sciences typique du XVIIIe siècle, Herman Boerhaave est formé aux humanités, s’intéressant à la fois à la théologie et aux sciences mathématiques comme naturelles, à une époque où Dieu reste très présent dans l’ensemble des raisonnements scientifiques.

Il vient d’une famille modeste, sinon pauvre. Son père, Jacques Boerhaave, étant pasteur à Voorhout, dans la région de Leyde, le destine initialement à la théologie, comme lui-même, bien davantage qu’aux sciences. La maladie qu’il contracte durant l’adolescence – un ulcère à la cuisse – paraît constituer une autre cause de cet intérêt scientifique.

A dix-huit ans, Boerhaave doit se résoudre à une forme d’auto-médication à base d’urine salée. L’opération est couronnée de succès : par l’interaction visible de l’ammoniac et de l’iode, l’ulcère se désinfecte et se résorbe. En parallèle de ce mal, Boerhaave entre tout de même à l’école publique, y gagnant différents prix. La mort de son père le laisse rapidement seul et son bien.  Boerhaave se consacre alors à ses études de médecine, et en sort docteur à l’âge de vingt-cinq ans. L’exercice de la médecine le fait dériver vers la chimie et la botanique.


  • C

Calixte III — Chapsal, Jacques — Charlemagne — Charles le Téméraire — Charles II d’Angleterre — Charles VII le Bien servi — Charles X — Charléty, Sébastien — Chauveau-Lagarde, Claude — Chávez, Hugo — Clément VII — Cohn-Bendit, Daniel — Colbert, Jean-Baptiste  Colomb, Christophe


Calixte III (1378-1458)

Pape de l’Église catholique

Né à Canals, dans le royaume de Valence, sous le nom d’Alonso de Borgia, il fait ses études à l’Université de Lérida, où il étudie le droit canon. Éloquent, il devient par la suite un professeur reconnu par ses pairs. Le roi d’Aragon, Alphonse V, le remarque. Il en fait son conseiller personnel.

Devenu évêque de Valence (1429), il bénéficie à plein de la conquête de Naples, alors sous l’égide de la Papauté.  Il est alors fait cardinal. A la mort de Nicolas V, en 1455 il participe au conclave devant désigner son successeur. Celui-ci s’éternise, mais, après l’échec de trois tours de scrutin, il est désigné comme pape, au bénéfice de l’âge. Il prend alors le nom de Calixte III.

Son pontificat débute dans un contexte d’expansion ottomane, quelques années après la conquête de Constantinople (actuelle Istanbul). Mais le pontificat de Calixte III est avant tout connu pour la révision du procès de Jeanne d’Arc.

GB

Jacques Chapsal (1909-1990)

Historien et politiste français

Né à Villeneuve-sur-Yonne, près de Sens, Jacques Chapsal fait ses études secondaires à Paris, au lycée Buffon. En faculté, il se spécialise en droit et littérature. Sa thèse de droit, soutenue en 1934, porte sur la batellerie. Au terme de ses études, Chapsal obtient un poste à la Bibliothèque du Sénat.

Entré à l’Ecole libre des sciences politiques (ELSP, actuelle IEP-SciencesPo Paris), il prend en charge une conférence de méthodes, avant d’en devenir le secrétaire général, en 1939. Par la suite, alors que l’ELSP devient l’IEP de Paris, il en devient le directeur.

Chapsal poursuit sa carrière en devenant administrateur de la Fondation  nationale de sciences politiques (FNSP), qui administre l’IEP de Paris, en 1950. Il travaille alors à une vaste histoire de la vie politique française de son époque, dans les deux volumes de sa Vie politique sous la Ve République. En mémoire de son long passage à la direction de l’IEP — près de trente ans — un amphithéâtre y porte son nom.

GB

Charlemagne (742-814)

Roi des Francs

Le règne de Charles Ier, dit Charlemagne, roi des Francs, débute par un coup de pouce du destin. Quoiqu’aîné de la descendance de Pépin, il doit, selon les usages francs, partager le royaume avec son cadet, Carloman. La mort prématurée de ce dernier (771) permet à Charles d’hériter rapidement.

Jugeant les frontières de ses possessions incertaines, il déploie rapidement sa fouge militaire. Sa première proie est le peuple lombard, dont l’ombre plane sur les jeunes États pontificaux. Il les défait et en devient le nouveau roi (774). Sa deuxième campagne se solde par un échec au cœur des Pyrénées. C’est le célèbre épisode de Roncevaux, en 779. Par la suite, il s’adjuge la Saxe et la Bavière, dont il fait de la conversion de ses peuples au christianisme une priorité. La sécurité du royaume est de surcroît assuré par la formation de marches (d’où le titre de marquis) en Navarre, en Catalogne et en Haute-Bretagne.

À l’exemple de son père, Charles est le champion de la Chrétienté et le serviteur du pape. Il est investi de la dignité impériale à la Noël 800, et couronnée des mains de Léon III. Ces territoires réunis en empire jouiront pour plus de quarante années d’une paix propice au développement de l’administration, de la religion et des arts. Il s’implante à Aix-la-Chapelle, et veille à l’application stricte des lois par l’envoi de missi dominici.

BR

Charles le Téméraire (1433-1477)

Duc de Bourgogne

Né au Palais des ducs de Bourgogne, à Dijon, il est l’enfant de Philippe III et d’Isabelle de Portugal. Son premier titre est celui de comte de Charolais, réservé à l’héritier des Etats bourguignons. Dès l’âge de dix-neuf ans, il se manifeste en réprimant violemment les Flamands, à Gand.

Adversaire résolu du roi de France, Louis XI, Charles le Téméraire prend la tête de la Ligue du Bien public en 1465, pour tenter d’obtenir la Picardie. Il échoue par la suite à prendre Paris, malgré l’appui des Bretons. Charles parvient toutefois à annexer la Somme et le comté de Boulogne, à l’issue du traité de Conflans.

Il s’affirme alors comme le maître incontesté des Etats bourguignons, écrasant avec succès les velléité d’indépendance de Liège.

GB

Charles II d’Angleterre (1630-1685)

Roi d’Angleterre

Fils de Charles Ier, il connaît, jeune adulte, la Première Révolution anglaise, l’exécution de son père et la dictature d’Olivier Cromwell. Proclamé roi d’Angleterre et d’Irlande par le Parlement d’Ecosse, ce que refuse toutefois le Parlement d’Angleterre. Vaincu à Worcester en 1651, Charles doit s’exiler.

Après quelques années passées en France, puis dans les Provinces-Unies, invité à rentrer en Angleterre à la mort de Cromwell, Charles rentre à Londres, où il est acclamé. Rétablissant l’Eglise d’Angleterre, il s’associe à Louis XIV dans la guerre qu’il mène contre les Provinces-Unies et le Danemark.

Sa succession, qui s’annonce difficile, est compromise en 1679 par la crise de l’Eclusion Bill et l’émergence du courant whigiste, qui visent à écarter du Trône son frère et héritier présomptif, Jacques Stuart, en raison de son catholicisme. S’appuyant en contrecoup sur les Tories, il gouverne désormais seul, se convertit à la foi catholique sur son lit de mort.

GB

Charles VII le Bien servi (1403-1461)

Roi de France

Fils de Charles VI et d’Isabeau de Bavière, il naît à Paris. Enfant alors qu’éclate le conflit dynastique entre Bourguignons et Armagnacs, alors même que son père est fou depuis plusieurs années, il semble très compromis en tant que dauphin. En 1418, il manque même d’être capturé par les Bourguignons.

Réfugié à Bourges, il s’auto-proclame régent du royaume de France. Probable instigateur du meurtre de Jean sans Peur (1419), il venge de ce fait Louis d’Orléans, tué par les Bourguignons. En retour, le traité de Troyes le déshérite, au profit de la dynastie anglaise des Lancastre.

Son père mort en 1422, et bien que toujours à Bourges, il se proclame toutefois roi de France, sous le titre de Charles VII. Contesté, il voit sa légitimité singulièrement renforcée par l’intervention d’une jeune femme lorraine, prise de visions : Jeanne d’Arc. Celle-ci le convainc que lui soit accordée une armée, afin qu’elle lève le siège d’Orléans et fasse partir les Anglais du royaume. Après un succès inespéré à Orléans puis Patay (1429), elle et le roi chevauchent ensuite vers Reims, en vue d’un sacre très attendu.

GB

Charles X (1757-1836)

Il naît à Versailles, sous le nom de Charles d’Artois. Baptisé tardivement (à quatre ans), il grandit dans une atmosphère familiale de deuil, marquée par la mort d’une fille du roi Louis XV, puis de son frère, le jeune duc de Bourgogne. Son éducation semble faible, compte tenu de ses faibles chances de régner.

C’est en effet son aîné qui monte au trône, en 1775, sous le nom de Louis XVI. S’intéressant tardivement aux choses politiques, Artois se raidit durant les premiers mois de la Révolution française. Il prend alors la tête d’une faction réactionnaire, en soutien à son frère. Il tâche alors d’écarter Jacques Necker, le principal ministre du roi. Apeuré par la prise de la Bastille, il émigre très tôt, dès le 16 juillet 1789. On le retrouve alors à Turin, au Royaume-Uni, puis en Saxe. Tâchant d’organiser une contre-révolution armée, il échoue. Artois se réfugie alors à Saint-Pétersbourg (1793). Échouant de nouveau à débarquer en France, à Yeu, avec le concours des Britanniques, il part à Londres.

Nommé lieutenant-général du royaume par son frère Louis XVIII, en 1814, il revient en France, par Nancy. Les Cent-jours le voient participer aux combats à Lyon, mais il doit fuir lorsque ses troupes fraternisent avec celles de l’empereur. Éloigné des affaires lors du retour du roi, il n’y revient que pour ceindre la couronne, en 1824.

GB

Sébastien Charléty (1867-1945)

Historien français

Né à Chambéry, il effectue des études d’histoire en Sorbonne. Agrégé d’histoire et de géographie à vingt-trois ans, il part enseigner dans des lycées à Montauban, puis à Châteauroux et Caen. En 1899, Charléty est nommé maître de conférences. Il devient par la suite titulaire de la chaire d’histoire de Lyon.

En 1908, il part pour Tunis, où il dirige l’instruction publique et les beaux-arts. Il occupe par la suite la même fonction à Strasbourg. Charléty connaît l’apogée de sa carrière comme recteur de l’Académie de Paris. En 1931, il est par ailleurs élu à l’Académie des sciences morales et politiques.

Charléty se spécialise dans l’histoire de Lyon et celle de la politique française du XIXe siècle, rédigeant plusieurs livres : La Restauration, Histoire de la monarchie de Juillet, Histoire du saint-simonisme… Créateur de la Cité universitaire de Paris, il devient un personnage important au sein des milieux intellectuels. A la fin de sa vie, un stade est même inauguré en son nom : le stade Charléty. Il meurt dans sa ville natale de Chambéry. Des décennies après sa mort, son oeuvre fait encore autorité : ainsi, son livre sur la monarchie de Juillet est réédité, en 2018.

GB

Claude Chauveau-Lagarde (1756-1841)

Avocat français

Claude Chauveau-Lagarde jouit d’une solide renommée dès les dernières années de la Monarchie en France. Fils d’artisan, il étudie le droit à Paris. Quand éclate la Révolution, sa carrière judiciaire l’écarte de l’agitation politique. Aussi ne le retrouve-t-on notoirement qu’en 1793 pour défendre le général Miranda.

La défense de cet adversaire d’un moment le conduit à défendre les ennemis d’autres. C’est ainsi qu’il assure les défenses de Jacques Brissot, Charlotte Corday, Marie-Antoinette et Madame Élisabeth, en 1793. La fortune ne lui sourit pas de nouveau : tous périssent sur la guillotine. Détaché de toute activité judiciaire puis brièvement emprisonné, il recouvre la liberté après la chute de Maximilien Robespierre.

Lié à l’insurrection royaliste de 1795, il en défend les meneurs, tels l’abbé Brottier. L’arrivée de Napoléon Bonaparte au pouvoir l’écarte de tout danger. Il est nommé conseiller d’État en 1806, puis promu officier de la Légion d’honneur par Louis XVIII.

BR

► Hugo Chávez (1954-2013)

Militaire et homme d’État vénézuelien

Né dans une famille pauvre de la région de Barinas, Hugo Chávez rejoint l’armée à dix-sept ans. Intéressé par l’Histoire et la politique et tant par Bolivar que par la gauche péruvienne, il fonde un mouvement socialiste au sein de l’armée, en 1983 : le Movimiento bolivariano revolucionario 200 (MB 200).

Le MB200 tente un coup d’État en 1992. Chávez n’y prend pas part, mais il est emprisonné durant deux ans. Libéré, il consolide son assise, jusqu’à être élu président du Venezuela, en 1998. Constamment réélu, il manque d’être renversé en 2002, par le grand patronat. Réélu en 2006 et en 2012, il pratique une démocratie référendaire originale.

GB

Clément VII (1478-1534)

Pape de l’Église

Bâtard de Julien de Médicis et de son ultime maîtresse, il naît à Florence, sous le nom de Jules de Médicis. A l’adolescence, l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem l’intègre. Dans les années 1490, il est promu chapelain. Par la suite, son cousin, le pape Léon X, le crée cardinal, et un fait l’un de ses conseillers majeurs.

Encore influent sous Adrien VI, il est candidat à sa succession, en 1523. A l’issue d’un des plus longs conclaves de l’Histoire (un mois et demi), il est préféré au cardinal Colonna, et est désigné pape, sous le nom de Clément VII. La médiation des cardinaux français facilite cette élection. Quant à Colonna, il est fait chancelier du Saint-Siège.

Perplexe face à l’influence grandissante de Charles Quint et du Saint-Empire en Europe, le nouveau constitue une alliance entre la France, l’Angleterre, Florence, Milian et Venise : la Ligue de Cognac. Pour l’affaiblir, Charles Quint agita la noblesse romaine contre le pape, et excite Colonna, le cardinal défait. En 1526, ce dernier fait envahir Rome. La basilique Saint-Pierre est alors mise à sac, et le pape doit se réfugier au château Saint-Ange.

GB

Daniel Cohn-Bendit (1945- )

Homme politique franco-allemand

Né à Montauban, de parents allemands,  Daniel Cohn-Bendit choisit cette même nationalité à l’âge de quatorze ans. Epris d’idées libertaires durant l’adolescence, il fait ses études supérieures à l’Université de Nanterre, récemment créée. Il y acquière le surnom de « Dany le rouge ».

Figurant parmi les principaux instigateurs du mouvement étudiant de Mai-68, il est expulsé vers l’Allemagne par le Gouvernement, Cohn-Bendit s’y installe ensuite durablement. Il devient élu local des Grünen (Verts) à Francfort-sur-le-Main. C’est toujours aux noms des Verts allemands qu’il est désigné comme député au Parlement européen, en 1994. Mais dans le même temps, il est également influent sur la scène politique française, alors que se constitue un courant écologiste.

Euro-fédéraliste, il devient coprésident du groupe Verts/ALE. Aux élections européennes de 2009, il donne aux Verts le score inégalé depuis de 21 % dans la circonscription francilienne où il se présente. Mais il quitte progressivement la politique. Dès lors, Cohn-Bendit se dit favorable au capitalisme. Globalement apprécié de la gauche française, malgré des rivalités avec les autres figures écologistes, il est largement déprécié à droite et, surtout, à l’extrême droite, pour ses mœurs, sa rouerie et et sa participation capitale à Mai-68.

GB

Jean-Baptiste Colbert (1619-1683)

Banquier et homme d’État français

Fils d’une famille de riches marchands de Reims, comptant également des banquiers, Jean-Baptiste Colbert effectue ses études dans un collège jésuite. Âgé de quinze ans, il est envoyé à Saint-Étienne, où il apprend le métier de la banque Il se familiarise ensuite avec le notariat, à Paris.

Jeune adulte, il assiste ensuite son cousin, commis du Département de la guerre. En 1640, la fortune paternelle lui permet l’achat d’une charge de commissaire ordinaire des guerres. De cette période, où Colbert inspecte les troupes, il gagne une grande notoriété auprès des officiers royaux. Cinq ans plus tard, sur recommandation, il devient conseiller privé du secrétaire d’État à la Guerre, François Sublet de Noyers.

Présenté au cardinal Mazarin, il bénéfice de la disgrâce de Fouquet pour devenir le principal ministre de Louis XIV. Éminence grise du roi, il devient à partir de 1665 l’unique contrôleur général des finances du royaume. Il est par la suite nommé de même comme secrétaire d’État de la Maison du roi, ce qui renforce son influence.

GB

Christophe Colomb (1451-1506)

Navigateur génois

Né en Ligurie, il est fils de tisserand. Intéressé par les sciences, il lit l’Imago mundi de Pierre d’Ailly, en puise des idées sur les dimensions de la Terre. Devenu marin, il s’embarque en 1476 pour le Portugal, puis l’Angleterre. Son convoi étant attaqué par des Français, il doit se réfugier à Lagos.

Voulant passer l’Atlantique pour aller jusqu’aux Indes orientales et croyant à la rotondité de la terre, il tente d’en convaincre le roi du Portugal, mais sans succès. Il n’est pas plus heureux auprès de la reine de Castille, Isabelle. Sa demande est toutefois acceptée en 1491, malgré des conditions qui agacent la reine : Colomb veut être nommé vice-roi de toutes les terres qu’il pourrait découvrir. A cet effet, il signe l’année suivante les capitulations de Santa Fe avec les Rois catholiques, lui octroyant un nouveau titre, celui d’amiral de la Mer océane, en plus de celui de vice-roi.

Colomb part le 3 août 1492 de Huelva, avec trois bateaux et quatre vingt-dix hommes. Après une escale aux Canaries, il entre dans les Sargasses (16 septembre) et y perçoit des frondes d’algues indiquant qu’il se rapprochent de la terre ferme. Il l’atteint un mois plus tard, dans l’archipel des Bahamas, et y découvre un peuple : les Taïnos. Colomb effectue par la suite plusieurs voyages-retour, en 1493, 1496 et 1502.

GB


  • D

Dampierre, Guy de — Danhauser, Josef — Danton, Georges — Desmoulins, Camille — Diderot, Denis — Dion, Jules-Albert de


► Guy de Dampierre (1226-1305)

Comte de Flandre et de Namur

Marqué dans son enfance par les luttes entre sa famille et celles des Avesne pour la possession des comtés de Hainaut et de Flandre, il est proclamé comte de Flandre, en 1253. Il rachète par la suite à Baudouin II de Courtenay le marquisat de Namur, malgré l’opposition  de Henri V de Luxembourg.

Dampierre poursuit la dynamique économique de ces prédécesseurs, favorisant l’industrie drapière flamande et le commerce de la laine avec l’Angleterre. Sa volonté de contrôler ses finances locales l’oppose au patriciat urbain, ce dernier soutenu à dessein par la France : Philippe III le Hardi puis, surtout, Philippe IV le Bel.

GB

Josef Danhauser (1805-1845)

Peintre autrichien

Né à Vienne, Josef Danhauser est le fils d’un fabricant de meubles, doué en sculpture. Les talents de sculpteur de son père sont pour lui une première initiation à l’art. Le père Danhauser initie le fils au dessin, et l’envoie aux Beaux-arts de Vienne. En 1827, le jeune Danhauser se rend à Venise, où il étudie les maîtres italiens.

Après la mort de son père, il codirige la fabrique de meubles avec l’un de ses frères. Revenu à la peinture en 1833, Danhauser est sollicité par l’archevêché d’Eger. Primé par l’Académie de Vienne pour son Die Verstoßung der Hagar, il s’oriente vers la peinture de genre, il est nommé professeur de peinture historique. Danhauser en démissionne toutefois en 1842, pour un voyage prévu de longue date aux Pays-Bas.

GB

Georges Danton (1759-1794)

Avocat et homme politique français

Fils d’un procureur d’Arcis (Champagne), il fait ses études de droit à Paris et s’y installe. Profitant de son mariage aisé, il achète une charge d’avocat de conseil à la toute fin de l’Ancien Régime. Accueillant favorablement le mouvement révolutionnaire, il crée le club des Cordeliers (1790).

Proche de Honoré-Gabriel de Mirabeau, il ne semble pas vouloir la chute du roi Louis XVI. Tout change après l’arrestation du roi à Varennes : Danton exige son jugement, affirme sa foi républicaine. Non compromis dans la fusillade du Champs de Mars, il s’exile toutefois. De retour à Paris, il organise la prise des Tuileries et devient ministre de la Justice. Devant l’avancée des Prussiens, il refuse le repli du Gouvernement sous la Loire ; d’où sa célèbre diatribe « De l’audace… ».

Élu à la Convention en 1792, il est forcé de quitte son ministère pour des soupçons de malversations et ses liens jadis avec le duc d’Orléans. Après la désertion du général Dumouriez, il se radicalise et entre au Comité de Salut public. Soutien de Maximilien Robespierre contre les Hébertistes, il chute avec Camille Desmoulins pour avoir désiré la paix intérieure et extérieure. Rapidement jugé, il est guillotiné.

Camille Desmoulins (1760-1794)

Avocat, journaliste et homme politique français

Boursier au collège Louis-le-Grand, Camille Desmoulins y fait la connaissance de Maximilien Robespierre. Il fait son droit et obtient son bacclauréat puis sa licence. Desmoulins prête serment d’avocat au Barreau de Paris en 1785. Mais sa carrière est d’abord handicapée par son bégaiement.

Intéressé par les idées nouvelles, il commence en 1789 la publication d’une feuille politique : Les Révolutions de France et de Brabant. Opposé au suffrage censitaire, il se rapproche de Georges Danton et est élu député à la Convention (1792). Cette amitié le perd, et il fait les frais du procès des dantonistes. Il est guillotiné en 1794.

GB

Denis Diderot (1713-1784)

Philosophe français

Le monde découvre l’existence de Denis Diderot lorsqu’il entreprend la longue rédaction de L’Encyclopédie (1747-1763), encouragé et soutenu dans cette entreprise par madame de Pompadour, favorite de Louis XV. D’une famille de petite bourgeoisie, il se fixe comme objectif de réunir en un seul ouvrage l’ensemble des domaines du savoir, le tout sous un prisme rationaliste, en cohérence avec les idées du XVIIIe siècle et avec les nombreux contributeurs de l’œuvre, Alembert et Rousseau.

En 1773, année de la parution de Jacques le Fataliste, Diderot se rend auprès de Catherine II de Russie à la suite de Voltaire et Montesquieu. Il continue à entretenir une correspondance avec l’autocrate après son retour en France.

Les raisonnements du philosophe sur les questions de liberté et d’esthétique influencent un temps la despote éclairée qu’entend être l’impératrice, notamment dans la réforme administrative de l’empire.

BR

Jules-Albert de Dion (1856-1946)

Industriel automobile et homme politique français

Héritier d’une ancienne maison du Brabant médiéval, Jules-Albert de Dion est l’archétype du savant noble de la fin du XIXe siècle. Son apport scientifique dépasse de loin son bilan politique comme opposant systématique de la marche vers la République radicale, dans la région nantaise.

Ce sont d’ailleurs ses activités concernant l’automobile naissante qui lui fournissent une première notoriété. Né à Nantes et grand propriétaire à Carquefou, le marquis de Dion réside fréquemment à Paris, où il lie une grande amitié avec le fils du duc de Morny, frère de Napoléon III. Les deux hommes ont pour passion commune la mécanique, développée à l’époque dans les usines de Georges Bouton. Le savoir-faire de l’industriel allié aux capitaux du comte aboutit à la constitution de l’entreprise De Dion-Bouton (1883). Les ateliers de Puteaux voient sortir notamment le moteur à explosion. Côté sportif, Dion est à l’origine de nombreuses courses automobiles, dont le Paris-Rouen demeure la plus notoire (1894).

Investi localement comme conseiller général de la Loire-Inférieure, Dion est élu député en 1889, représentant Nantes. Siégeant à l’extrême droite de la Chambre, il se révèle comme membre de la mouvance de « droite révolutionnaire », nationaliste et antidreyfusarde.

BR


  • F

Fouquier-Tinville, Antoine — François Ier — Frédéric II le Grand — Fréron, Louis-Marie


Antoine Fouquier-Tinville (1746-1795)

Juge et homme politique français

Fils d’un riche cultivateur, il quitte la Picardie pour suivre à Paris des études de droit. Profitant du système de la vénalité des charges, il achète celle de procureur au Châtelet (1774). Après des déboires familiaux, Fouquier-Tinville est contraint de la vendre. Il retombe peu à peu dans l’anonymat.

1792 voit son retour. Il apporte son soutien à la chute de la monarchie, à Georges Danton, Maximilien Robespierre et Camille Desmoulins, lequel est un cousin. Désigné d’abord juge au tribunal de Saint-Quentin, il en démissionne dès qu’il est élu par la Convention comme accusateur-public auprès du Tribunal révolutionnaire. Il devient alors le pendant judiciaire de la Terreur, exécuteur froid des orientations du Comité de salut public. Sa toute-puissance est confortée par l’abrogation d’une commission de six membres sensée le surveiller. Plus de deux mille personnes semblent avoir été conduites à l’échafaud conformément à sa volonté. Les plus célèbres demeurent Danton, Desmoulins, les hébertistes et la reine Marie-Antoinette.

A l’instar de Billaud-Varenne, il fait volte-face quand se précisent les événements de Thermidor (juillet 1794). La suite de l’histoire n’est en rien semblable. Décrété d’accusation cinq jours plus tard et guillotiné après un mois et demi de procès.

BR

François Ier (1494-1547)

Roi de France

Fils du comte d’Angoulême, Charles d’Orléans, il naît sous le nom de François d’Orléans. En tant que membre de la branche cadette des Valois, il n’est pas destiné au règne. Il succède toutefois à Louis XII (dont il n’est que petit-cousin, et au quatrième degré) en 1515, faute que le premier ait une descendance.

Prince de la Renaissance, se vivant comme humaniste, il favorise alors la diffusion des idées italiennes dans le royaume de France. Protecteur des Lettres, il promeut l’imprimerie, par la constitution d’un cabinet de livres à Blois, sorte de prototype des bibliothèques d’Etat. Par son ambassadeur à Venise, Guillaume Pellicier, il fait d’ailleurs acheter et reproduire un maximum d’ouvrages issus de cette riche république, foyer des arts et du commerce.

Rival de l’empereur Charles Quint, méfiant de Henri VIII d’Angleterre, il empêche le Saint-Empire d’enserrer complètement le royaume de France, malgré sa capture spectaculaire à Pavie (1525). Relâché par l’empereur moyennant la restitution du duché de Bourgogne, et l’abandon de ses velléités sur Naples, il reprend le combat. Mais son antagonisme avec Charles Quint favorise l’émergence de la Réforme protestante à partir des années 1530, tout en laissant les coudées franches à l’Empire ottoman en Hongrie.

GB

Frédéric II le Grand (1712-1786)

Roi de Prusse

Premier des rois de Prusse, il appartient à la Maison Hohenzollern. Son règne, à partir de 1740, est celui d’un constante volonté d’extension territoriale. Frédéric II le Grand annexe ainsi la Silésie, prise à l’Autriche, puis la Prusse occidentale, prise à la Pologne. Ainsi, la Prusse se distingue au sein du Saint empire.

C’est ainsi qu’il fait de son royaume l’une des nouvelles grandes puissances européennes, la participation prussienne à la guerre de Sept ans le prouvant. Né à Berlin, Frédéric est le fils du « Roi-sergent », Frédéric-Guillaume. Son père monte sur le trône alors que Frédéric n’a qu’un an. Éveillé en cachette à la philosophie, il tire de cette sensibilisation aux « idées nouvelles » une relative ouverture d’esprit, qu’il manifeste ensuite en tant que tenant du « despotisme éclairé ».

Sa gestion du royaume n’en reste pourtant pas moins traditionnelle, en témoigne une diplomatie classiquement hostile à la France, et le maintien de la Prusse dans une politique expansionniste. La politique intérieure frédéricienne est plus originale (en témoignage sa tolérance au culture juif) voire contradictoire, puisque le « roi-philosophe » tolère en son royaume les Français qu’il combat par ailleurs. Mais il est vrai que ceux-ci sont les élites protestantes, en exil depuis la révocation de l’Edit de Nantes.

GB

Louis-Marie Fréron (1754-1802)

Journaliste et homme politique français

Fils d’un littérateur, Louis-Marie Fréron est le condisciple de Maximilien Robespierre et de Camille Desmoulins, au collège Louis-le-Grand. D’abord journaliste, il reprend le titre de son père, L’Année littéraire, et fait fortune grâce à cela. Aux premiers mois de la Révolution, il fonde L’Orateur du peuple.

Demandant l’exécution de Louis XVI, il devient président du club des Cordeliers. Actif durant l’assaut des Tuileries et les massacres de Septembre, il appelle le peuple à des exécutions sommaires. Paris le désigne comme député à la Convention, le 14 septembre 1792. Il siège à la Montagne, mais son rôle demeure minime.

GB


  • G

Gambetta, Léon — Gasperi, Alcide de — Gaulle, Charles de — Gengis Khan — Goldmann, Lucien Guesclin, Bertrand du — Guesde, Jules — Guidoni, Bernard — Guillemin, Henri


Léon Gambetta (1838-1882)

Avocat et homme d’État français

Bien que né à Cahors, Léon Gambetta trouve ses origines à Gênes, cité que son père quitte pour s’établir en France. Ayant étudié le droit à Paris, le jeune Gambetta s’illustre comme avocat, dans des procès incriminant le régime impérial. Cet engagement l’amène rapidement à la politique active.

Candidat à la députation en 1869, il est élu à Belleville et s’oppose avec les républicains à la guerre contre la Prusse. La bataille de Sedan perdue, il participe à la proclamation de la République. Radical, il se distingue des modérés comme Jules Ferry, sermonnant le pays de poursuivre le combat.

Quittant Paris en ballon, il tente d’organiser à Tours la reconquête en sa qualité de ministre de la Guerre. Il démissionne à l’annonce de la capitulation. Élu représentant du Bas-Rhin, en février 1871, il démissionne en mai, après le traité de Francfort. Juillet le voit revenir à l’Assemblée, porté par les électeurs parisiens. Siégeant à l’extrême gauche, il est la figure de proue de l’Union républicaine. Stratège, il parvient à rallier le centre-gauche à la République et à faire adopter les lois constitutionnelles (1875). Quelques mois avant de mourir, il est un éphémère président du Conseil : c’est l’heure du « Grand ministère ».

BR

Alcide de Gasperi (1881-1954)

Homme d’Etat italien

Alcide de Gasperi naît dans le Trentin, alors sous domination autrichienne. Il dirige à partir de 1905 le quotidien catholique Il Trentino, dans lequel il fait de la défense de la minorité italienne son combat principal. Son action lui permet d’être élu au Reichstag autrichien et d’y poursuivre sa lutte.

Partisan de la paix, il favorise le démembrement l’Empire austro-hongrois à la suite de la Première guerre mondiale. Le Trentin intégré au royaume d’Italie (1918), Gasperi est élu au Parlement transalpin. Ce dernier est rapidement l’un des plus vifs opposants à la montée du fascisme. Condamné à quatre ans de prison, il en échappe grâce à l’intervention de Pie XI, qui lui confie un poste à la Bibliothèque vaticane jusqu’en 1945.

Mussolini exécuté et la monarchie abolie, Gasperi est le principal animateur du courant démocrate-chrétien au sein de la république naissante. Président du Conseil en décembre 1945, il suivit une ligne centriste l’autorisant à gouverner avec les sociaux-démocrates. Ayant accepté le plan Marshall, il participa à intégrer l’Italie au bloc occidental et favorise l’unification de l’Europe, dont il est considéré comme un des « pères fondateurs ». Mis en minorité à la Chambre, son cabinet démissionne en 1953, et il se retire dans son Trentin natal.

BR

Charles de Gaulle (1890-1970)

Militaire et homme d’État français

Né à Lille, Charles de Gaulle est élevé dans une culture de grandeur nationale, à l’époque où la France désire « la Revanche » contre l’Allemagne. Il choisit une carrière d’officier. Combattant durant la Première guerre mondiale, il est fait prisonnier. Après-guerre, il se rapproche du maréchal Pétain.

Difficilement, il tâche de promouvoir l’usage des blindés. Promu général de brigade durant la Bataille de France, en mai 1940, il est nommé sous-secrétaire d’État à la Guerre. Refusant l’armistice, il part pour Londres le mois suivant, d’où il lance son appel du 18 -Juin, demandant aux Français de continuer le combat contre l’Allemagne. De Gaulle organise la Résistance depuis Londres et Alger, et grâce à l’appui de quelques colonies. Le CFLN qu’il constitue en 1943 est le premier maillon du gouvernement de la France libérée.

Revenu en France, il incarne aux yeux d’une majorité le libérateur de la Patrie, mais, se désolant du régime des partis, quitte le pouvoir. Il revient toutefois en 1947 avec sa propre formation, le RPF, et surtout, en 1958, à la faveur de la guerre d’Algérie, comme président du Conseil, puis président de la République. Il accepte l’indépendance algérienne et se fait réélire. Mais, contesté en Mai-68, il quitte le pouvoir au lendemain d’un référendum raté, l’année suivante.

GB

Gengis Khan (vers 1161-1227)

Grand Khan universel des Mongols

Il naît sous le nom de Temudjin. Son père, Yesugei, domine la tribu nomade des Bordjigin, qui peuple le Sud de l’actuelle Mongolie. Il disparaît lorsque le fils n’a pas encore dix ans. Sa légitimité n’étant pas reconnues par les siens, Temudjin va quérir l’appui de la tribu voisine des Kereyit, d’origine turque.

Triomphant des voisins Merkit, Naïman et surtout Tatars (1202), il se retourne contre ses anciens alliés, et réussit à dominer l’intégralité de la Mongolie. Au cours d’une assemblée solennelle, il est alors proclamé en tant que Gengis Khan, soit « Grand khan universel ». Unificateur, Gengis Khan doit également sa renommée à ses grandes conquêtes. Pénétrant dans la Chine divisée à l’aube des années 1210, il étend son empire à l’Afghanistan et à l’Est de l’Iran, reliant ainsi dans une étendue discontinue le Pacifique à la mer Caspienne. En 1222, l’extension de ce territoire est à son maximum.

Les atrocités commises par les troupes mongoles (massacres, pillage et rasage de Téhéran) participent autant que leurs qualités militaires (excellence dans le tir à l’arc) à l’effroi qu’inspirait le grand Khan. Ayant fixé sa capitale à Karakorum (centre de la Mongolie actuelle), Gengis Khan, pose les premiers jalons du Yasa, la loi impériale mongole , préparant l’avènement en Chine de la première dynastie mongole, les Yuan. Son petit-fils, Kubilaï Khan en devient le premier empereur.

BR

Pierre Giffard (1853-1922)

Littérateur et journaliste sportif français

Fils d’un notaire normand, Pierre Giffard est volontaire lors de la guerre franco-prussienne, bien qu’il n’ait que dix-sept ans. Bachelier au sortir du conflit, il serpente à Paris dans les salles de rédactions de journaux aux tirages inégaux, dans le conservateur Gaulois et surtout au Figaro.

Cependant, ses convictions profondes se révèlent contraires. Républicain, il croit au progrès et à ses manifestations présentes : le téléphone et surtout l’automobile. Ses deux passions se trouvent conjuguées lorsqu’il prend, sur proposition d’Hippolyte Maronori, la direction du service des nouvelles du Petit journal. Très vite apprécié des lecteurs et de sa direction, il organise la première compétition automobile, le célèbre Paris-Rouen (1894). Son amour du sport le pousse à constituer un quotidien uniquement dédié à cette actualité. Ce sera Le Vélo, en collaboration avec le comte de Dion.

L’affaire Dreyfus plaçant les deux hommes dans deux camps irréconciliables, Pierre Giffard délaisse Le Vélo pour créer avec Henri Desgrange L’Auto-Vélo, ancêtre de L’Équipe. L’intérêt pour les courses avait déjà conduit Giffard à organiser un marathon à Paris, en 1896. En 1903, les coureurs du premier Tour de France s’élancent de Montgeron.

Lucien Goldmann (1913-1970)

Philosophe et sociologue roumain

Né à Bucarest dans une famille juive, il s’intéresse durant son adolescence aux idées communistes. Mais, passionné par Léon Trotsky, il est toutefois exclu de l’Union de la jeunesse communiste (elle-même clandestine) en 1934. Piqué de sociologie, il effectue des études universitaires à Vienne.

Menacé en raison de sa judéité, Goldmann se réfugie en Suisse durant la Deuxième guerre mondiale. Après-guerre, il arrive à Paris, et entre au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Disciple de Georg Lukacs et ennemi d’Emil Cioran, il exerce une grande influence sur les lettres, dans un climat de domination marxiste sur la paysage intellectuel français.

Pour autant, Goldmann estime que le marxisme est dépassé, et doit donc viser son renouvellement. Contestataire du structuralisme (lequel entend les structures comme modèles théoriques organisant la forme de tout objet d’étude), Goldmann écrit beaucoup, notamment sur le sens de l’engagement révolutionnaire. Ainsi, dans son Dieu caché (1955), il explique que, selon lui, « la révolution, c’est l’engagement des individus dans une action qui comporte le risque, le danger d’échec, l’espoir de réussite, mais dans laquelle on joue sa vie ».

GB

Bertrand du Guesclin (vers 1320-1380)

Noble breton, connétable

Fils aîné de Robert II du Guesclin, seigneur breton de La Motte-Broons, il naît dans un univers rustique et brutal. Sa laideur lui vaut le rejet de ses parents et le refus de son père qu’il soit formé à la chevalerie. Mais sa force impressionnante lui vaut d’être remarqué, en 1337, à un tournoi organisé à Rennes.

Alors qu’éclate une guerre de succession en Bretagne (conséquence locale des « guerres anglaises »), du Guesclin se signale par son excellence au combat. Ainsi, en 1354, il prend par ruse le château de Grand-Fougeray, près de Beign (actuel Bain-de-Bretagne). Par la suite, il défend Rennes face au duc de Lancastre, Henry de Grosmont. Soutien de Charles de Blois et donc pro-français, il est fait prisonnier à la bataille d’Auray (1364) qui marque la chute de son mentor. Repéré par le roi de France, Charles V le Sage, il obtient de lui quarante mille livres nécessaires au paiement de sa rançon, puis se met à son service.

Du Guesclin délivre alors progressivement le royaume des Grandes compagnies, mercenaires pillards et hostiles. En récompense, il est fait connétable de France, en 1370. Méfiant vis-à-vis de la chevalerie française, il renâcle à convoquer l’ost pour chasser les Anglais et préfère reconquérir le royaume château par château. De cette stratégie, s’ensuivent des victoires éclatantes en Normandie. Mettant le siège devant Châteauneuf-de-Randon à l’été 1380, il y meurt d’une forte fièvre.

GB

Jules Guesde (1845-1922)

Homme politique français

Parmi les principales figures du socialisme français, Jules Guesde n’en est pas moins, désormais, une des plus connues. L’historiographie — quand elle s’intéresse à lui — en fait volontiers un « anti-Jaurès », formule prêtée par son biographe le plus conséquent, Jean-Numa Ducange.

Né Jules Bazille, il est fils d’instituteur. Politisé à gauche, il prend le nom de plume de Jules Guesde. Rapidement, Guesde part pour Montpellier. Il y devient journaliste dans La Liberté de Montpellier et, du fait de cet éloignement en province, ne participe pas à la Commune, en 1871.

Inquiété, il doit s’exiler. De retour en France en 1876, il tâche de structurer le mouvement ouvrier. Il fonde un journal, L’Egalité, puis un parti. Cela sera le Parti ouvrier, en 1879. Rival de Jaurès, il n’en fusionne pas moins son parti avec le sien par la suite, pour créer la SFIO et unifier le socialisme français. L’entrée en guerre change la donne pour les gauches, qui basculent dans l’Union sacrée : Guesde entre au Gouvernement, en 1914. Après-guerre, bien que marxiste, il manifeste des réticences sur la Révolution d’Octobre. Il ne rallie d’ailleurs pas les communistes de la SFIC communiste, en 1920.

GB

► Bernard Guidoni (1261-1331)

Ecclésiastique dominicain français, inquisiteur

Entré dans les ordres à dix-neuf ans comme novice, au couvent dominicain de Limoges, il devient prieur, à Albi, puis Carcassonne et Castres. Nommé inquisiteur de Toulouse (1308), il se manifeste par une opposition ferme contre les hérésies vaudoise et albigeoise, qu’il décrit dans différents textes.

En récompense de sa lutte contre les hérétiques, le pape Jean XXII le fait évêque de Lodève, en 1324, puis de Tui, en Galice. En parallèle de son oeuvre religieuse, il s’attache à écrire l’histoire de son ordre : c’est l’objet du Practica inquisitionis haereticae pravitatis, véritable manuel de l’Inquisition.

GB

► Henri Guillemin (1903-1992)

Critique littéraire et historien contemporanéiste français

Historien spécialiste du XIXe siècle, Henri Guillemin est tout d’abord connu en tant que critique littéraire. Prenant le contrepied de ce qu’il qualifie d’« histoire bien-pensante » et passionné par la vérité, il n’en demeure pas moins partial vis-à-vis de certains événements et de certaines figures.

Proche de la Résistance, Guillemin est dénoncé en 1942 comme gaulliste. Après-guerre, il échoue à obtenir un poste en Sorbonne. Devenu attaché culturel à l’ambassade de France, en Suisse, il prend sa retraite en 1962. Commence alors une seconde carrière éclectique, où il présente des émission historiques télévisées sur la RTS suisse.


  • H

Halter, Marek — Hamilcar Barca — Hannibal Barca — Hatta, Mohammad — Herman, Martial — Hô Chi Minh


Marek Halter (1936- )

Écrivain français

Il naît à Varsovie, d’un père imprimeur et d’une mère poétesse. L’invasion allemande oblige la famille à passer à l’Est de la Pologne, contrôlée par les Soviétiques. Après la rupture du Pacte germano-soviétique, Halter et sa famille passent ensuite à Moscou, puis à Koland, en Ouzbékistan.

Revenu en Pologne après-guerre, il part pour Paris en 1950 et est naturalisé français. Sensible aux arts, Halter entre dans la compagnie du célèbre Mime Marceau, puis il intègre l’École des beaux-arts. Artiste doué, il obtient en 1954 le Prix international de peinture de Deauville. Il part alors exposer deux ans à Buenos Aires, où il se lie avec le pouvoir péroniste, avant se brouiller avec ce dernier.

Revenu en France, il s’investit en politique, dans les domaines des droits de l’homme, de la lutte contre l’antisémitisme et de la paix au Proche-Orient. Cette volonté de rapprocher Israéliens et Palestiniens se concrétise par la création d’une revue prônant cette réconciliations, en 1968 : Éléments. Halter relate par ailleurs ses expériences au Proche-Orient dans son premier livre, Le Fou et le roi. Pétitionnaire insatiable, il cofonde successivement Action internationale contre la faim, Radio-Kaboul libre (contre le pouvoir prosoviétique en Afghanistan) et la Marches des imams contre le terrorisme.

GB

Hamilcar Barca (vers 290-228 avant Jésus-Christ)

Homme d’État et militaire carthaginois

Originaire de la région de Cyrène Hamilcar Barca est le fondateur de la dynastie barcide, d’anciens colons phéniciens, artisans de la puissance carthaginoise. Ce sont les affrontements réguliers face à Rome qui permettent tant à cette puissance de s’affirmer qu’ils les fragilisent, durant les guerres puniques.

De ces guerres, Hamilcar, et son célèbre fils — Hannibal — sont les principaux acteurs. C’est durant la première guerre punique, à partir de 247 avant Jésus-Christ, que s’illustre Hamilcar. Le général punique commande une armée qui monte jusqu’en Sicile, menaçant Rome. Toutefois vaincu aux Egates, il est contraint à signer une paix avec Caïus Catule, perd des territoires, et rembarque vers l’Afrique.

Cette première guerre perdue entraîne des troubles, qui manquent de destituer Hamilcar, chef politique mais également militaire des Carthaginois. C’est la « guerre des Mercenaires » qui aboutit difficilement à la victoire de Hamilcar, en 237 avant Jésus-Christ, épaulé par Naravas, prince numide. Vainqueur, Hamilcar se tourne vers l’Hispanie, pensant compenser les territoires perdus face à Rome. Assiégeant Hélikè (actuelle Elche), il y meurt de circonstances vagues.

GB

Hannibal Barca (247-vers 182 avant Jésus-Christ)

Homme d’État et militaire carthaginois

Stratège de guerre, Hannibal Barca est la principale figure des guerres puniques, opposant la République carthaginoise à la République romaine. Ce fils du dynaste barcide Hamilcar, est à la fois chef militaire des Carthaginois et leur chef politique, deux rôles mêlés dans cette société martiale.

Il perd certes la guerre contre Rome, mais cette dernière ne manque pas de reprendre une partie de ses techniques de combat, après-guerre. Elevé dans la haine de Rome, il marche sur les traces de son père en 218 avant Jésus-Christ, il franchit les Pyrénées, puis les Alpes, et se dirige vers le Nord de l’Italie. Ses éléphants de guerre sont une puissante arme psychologique, mais il ne peut temporairement menacer Rome, compte tenu d’un matériel insuffisant.

S’ensuivent une quinzaine d’années de guerres et d’énormes pertes des deux côtés, lors d’une succession de batailles meurtrières : Trasimène, la Trébie, Canne. L’affrontement final, à Zama, dans l’actuelle Tunisie, en 202 avant Jésus-Christ, aboutit à sa défaite. Acculé à une paix défavorable, Hannibal s’exile à Tyr puis vers Ephèse. Il s’y met au service du roi des Séleucides, Antiochos III le Grand, lui-même soucieux de se jauger à Rome.

GB

Mohammad Hatta (1902-1980)

Homme d’État indonésien

Figure secondaire de la Revolusi (la révolution indonésienne), Mohammad Hatta est éclipsé par celle, flamboyante, du Javanais Soekarno, son compagnon de militantisme. Ses appétits politiques semblent également moindres. Symboliquement toutefois, l’aéroport international de Jakarta les placent à égalité.

Né à Bukittinggi (Sumatra), Hatta est, comme Soekarno, un privilégié, d’où des études de circonstance : collège néerlandais, puis études commerciales à Rotterdam. C’est lors de ce voyage aux Pays-Bas que, durant les années 1920, Hatta s’encarte à l’Indische Vereniging, laquelle promeut l’indépendance des Indes néerlandaises. Par la suite, Hatta promeut inlassablement le nom d’« Indonésie » pour l’État indépendant auquel il aspire, dans les congrès anti-impérialistes.

Sa rencontre avec le Soekarno, en 1927, marque les débuts d’une amitié de trente ans, fortifiée dans les persécutions, aux premières heures du PNI — parti indépendantiste qu’ils créent — puis dans l’exil. Avec la guerre mondiale et l’occupation japonaise, le contexte change cependant. Libre en 1942, Hatta travaille initialement tout comme Soekarno à une collaboration active. Mais la défaite japonaise qui s’annonce l’incite à prendre les armes et à s’éloigner des occupants. En 1945, Hatta suit Soekarno dans sa volonté de déclarer l’Indonésie indépendante. Il devient alors vice-président de la jeune république.

GB

Martial Herman (1759-1795)

Avocat et homme politique français

Créature des robespierristes, Martial Herman est un personnage mineur de la Révolution française. Il se fait avant tout connaître comme président du Tribunal révolutionnaire, à l’heure des grands procès de la Terreur : ceux de Marie-Antoinette et des Girondins.

Comme pour nombre des figures du robespierrisme, sa fin logique est celle de la guillotine, malgré quelques mois de sursis après Thermidor. Né dans le Pas-de-Calais, Herman est issu d’une vieille famille de robe. Admis avocat à l’âge de vingt-quatre ans, il devient par la suite substitut de l’avocat général du Conseil provincial d’Artois.

Devenu juge à Arras, il se rapproche des Jacobins à partir de 1790, au sein de la Société des amis de la Constitution, qu’il cofonde. Administrateur du Pas-de-Calais sous la Terreur, il est nommé à la présidence du Tribunal révolutionnaire par Robespierre. Il y excelle dans la condamnation sans nuances de Marie-Antoinette et de Jacques Brissot, en 1793, puis des factions hébertistes et dantonistes. La chute de Robespierre annonce évidemment la sienne. Jugé, il jette un livre à la figure du président du tribunal, puis est exécuté aux côtés d’Antoine Fouquier-Tinville, le célèbre accusateur public.

GB

 

Hô Chi Minh (1890-1969)

Révolutionnaire, homme d’État vietnamien

Père de l’indépendance vietnamienne, il figure parmi les principaux personnages historiques du XXe siècle. Le nouveau nom de la capitale vietnamienne — Hô Chi Minh-Ville — n’est qu’une des illustrations de l’importance de cet homme, acteur central du mouvement communiste.

Fils d’un docteur en lettre devenu enseignant, puis mandarin à Annam sous la pression des autorités françaises, il est marqué par la présence coloniale des Français. Étudiant à Huế, au sein de la Quốc Học (École nationale), il en sort instituteur. Participant à une manifestation en faveur des paysans indochinois en 1908, il est exclu de l’enseignement, dans le même temps qu’il se rapproche de dirigeants nationalistes inspirés du Cần vương, mouvement hostile à l’occupation du Tonkin.

Partant ensuite autour du monde, il passe par Paris et milite au sein de la gauche anti-coloniale. Soucieux d’émanciper l’Indochine du joug français, il écrit en 1919 une « Pétition du peule vietnamien » à destination des dirigeants américain, britannique et français, que publié L’Humanité. Adhérant à la SFIO puis à sa scission communiste, il intègre par la suite l’Union intercoloniale (pro-communiste) et se forme politiquement en Union soviétique puis en Chine.

GB


  • I

Innocent III


Innocent III (1160-1216)

Pape de l’Église

Né Segni, ce noble du Latium est élu pape en 1198. S’ouvre alors le plus important pontificat du Moyen âge, le nouvel élu essayant de concrétiser les espérances de ses prédécesseurs, en particulier celle de Grégoire le Grand, l’établissement de la supériorité temporelle du pape sur les autres souverains.

Au tournant des XIIe et XIIIe siècles, le développement des Etats monarchiques en Europe ne vont en effet pas sans opposer de sérieuses difficultés à l’entreprise romaine. Sa première chance est l’âpre succession au défunt empereur Henri VI (1197). Exigeant un serment de fidélité à sa veuve, il fait de son fils Frédéric son pupille, mais assoit sur le trône Otton IV de Brunswick. Engageant la conquête de la Sicile, ce dernier est excommunié et déposé par le Saint-Siège. Innocent fait alors de son pupille l’empereur légitime : Frédéric II. Après un long conflit avec Jean Sans Terre, le pape reçoit de lui le royaume d’Angleterre en 1213, exigeant du vaincu un hommage-lige comme il avait imposé à la Sicile, la Serbie ou le Danemark. Seule la France semble résister à cet imperium mundi d’Innocent.

L’apogée du pontificat est atteint lors du Sixième concile du Latran (1215). Toutes les décisions politiques du pape sont avalisées, et la volonté de combattre toute forme d’hérésie confirmée.

BR

  • J

Jean — Jean d’Orléans le Bâtard — Justinien Ier le Grand


► Jean (vers 10-101)

Galiléen, apôtre du christianisme

Juif de Bethsaïde, en Galiée, disciple de Jésus, Jean est l’un de de ses apôtres. La tradition chrétienne lui attribue L’Évangile de Jean, de même que trois épitres, et L’Apocalypse. L’ensemble forme le corpus johannique, cependant que la nature exact de l’auteur demeure contestée, historiquement.

La figure de l’apôtre Jean pourrait en effet se confondre avec Jean le Presbytre, chrétien d’Éphèse.  La tradition lui attribue un prêche commun avec Pierre, en Samarie, puis la fuite, sous la pression des Romains. Exilé à Patmos, en 94, il y écrit L’Apocalypse.  Magnanime, l’empereur Nerva lui permet toutefois de revenir à Éphèse.

Jean d’Orléans le Bâtard (1403-1468)

Militaire français

Il naît de Louis d’Orléans (frère du roi Charles VI), dont il est un bâtard. Jean est élevé dans la famille légitime de son père. Il embrasse la cause du nouveau roi, Charles VII, se rangeant dans le camp des Armagnacs, contre les Bourguignons et les Anglais. En 1428, il vainc les Anglais à Montargis.

Jean obtient de siéger au Conseil royal, et se fait remarquer lors du siège d’Orléans, l’année suivante. Il y combat aux côtés de Jeanne d’Arc, et y obtient une victoire capitale contre les Anglais. Cette victoire est confirmée à Patay, en juin 1429. Après la mort sur le bûcher de la Pucelle, il soumet Chartres, puis reprend Paris aux Anglais, aux côtés du comte de Richemont. Pour ce dernier fait d’armes, il est fait grand chambellan de France en 1439, avec les honneurs de prince légitime.

Ce nouveau titre lui permet de dominer au sein du Conseil. Mais, mécontent du peu d’empressement du roi à libérer son demi-frère, Charles d’Orléans, il conspire dans les rangs de la Praguerie, aux côtés du dauphin (le futur Louis XI). Pardonné par le roi, dont il devient le lieutenant général, il met le siège devant Harfleur, en 1450, et, surtout, vainc à Formigny. Par la suite, il conquiert la Guyenne, jusqu’alors occupée par les Anglais.

Justinien Ier le Grand (vers 482-565)

Empereur byzantin

La jeunesse de Justinien est très mal connu. Simplement est-il admis qu’en tant que neveu de l’augustus (empereur) Justin, il est son protégé. Après la mort du premier, en 524, il devient d’ailleurs lui-même augustus, aux côtés de sa femme, Théodora, une ancienne courtisane. Il prend alors le titre de Justinien le Grand.


  • L

Le Bernin, Jean-Laurent — Le Goff, Jacques — Levassor, Emile — Louis Ier d’Orléans — Louis-Philippe — Louis XIV — Louis XV — Louis XVI


Jean-Laurent Le Bernin (1598-1680)

Sculpteur, peintre et architecte napolitain

Né à Naples, fils d’un sculpteur maniériste, il est très précoce dans son talent d’artiste. Le pape Paul V et en fait l’un de ses favoris. Devenu architecte officiel des Etats pontificaux, il est reconduit dans ses fonctions par Grégoire XV et Urbain VIII. Mais à partir des années 1640, Innocent X l’écarte quelque peu.

Ses premières pièces décoratives sont destinées à orner le jardin de la Villa Borghèse, à Rome. Influencé par la sculpture hellénistique (IV au Ier siècle avant Jésus-Christ), Le Bernin acquiert une grande renommée. Devenu roi de France, Louis XIV le remarque. Le monarque veut alors restructure le Palais du Louvre (1665). Le Bernin est alors reçu avec tous les honneurs, et réalise un buste royal. Mais ce passage de Bernin en France n’est pas si heureux que cela.

En effet, ses projets pour le Louvre n’ont pas de suite, dans un contexte plus général où l’influence artistique des Italiens décline en France. C’est finalement le projet de Claude Perrault qui est choisi par le roi. De même, la statue équestre de Louis XIV que réalise Le Bernin, est certes livrée, mais quelque peu mise sur le côté : si elle demeure à Versailles, elle est mal valorisée au sein du palais. Déçu, Le Bernin rentre en Italie, en 1665. Il travaille alors pour le nouveau pape, Clément IX. Il meurt à Rome, en 1680.

GB

Jacques Le Goff (1924-2014)

Historien français

Tout étudiant studieux en Histoire croise un jour la route de Jacques Le Goff. Ce dernier doit en effet sa grande renommée à ses travaux rigoureux portant sur le Moyen âge ; travaux qui participent à la redécouverte de cette période. Le nom de Le Goff est à placer à côté de ceux de Duby et de Favier.

Fils d’un professeur d’anglais, il naît à Toulon, et étudie à Marseille puis à l’ENS. L’originalité des travaux de Le Goff réside dans les angles d’attaque qu’il élabore pour analyser et comprendre les sociétés médiévales. Héritier des deux premières générations des Annales, Le Goff est un membre incontestable de la troisième, cherchant à fusionner l’intérêt des années 1930 pour la géographie et la sociologie à l’étude du temps long, en vogue après-guerre. Sa méthode historique englobe donc une myriade de thématiques : économiques, sociales, religieuses, administratives… Dotée d’une prose élégante, son œuvre connait un grand succès au-delà du seul public historien.

Le Goff concentre ses recherches sur le XIIe et, surtout sur le XIIIe siècle qu’il qualifie d’ « apogée de la Chrétienté ». Polyglotte, sa connaissance de cette chrétienté englobe des royaumes périphériques au monde latin, comme la Hongrie ou la Bohême. Parmi son impressionnante bibliographie, Saint-Louis et La Naissance du Purgatoire font autorité au sein des universités.

Émile Levassor (1843-1897)

Industriel automobile français

Natif de l’Essonne, son intérêt précoce pour la métallurgie le pousse après des études à Paris à travailler chez Cockerill, géant wallon du métal. De retour en France, il se penche sur les travaux encore discrets dans l’automobile, et fait la rencontre de René Panhard, avec lequel il forme la société Panhard & Levassor.

L’idée des deux hommes est d’exploiter les brevets de l’allemand Daimler, créateur des premiers moteurs à pétrole. Le grand fruit de leur collaboration est la première voiture à essence qui sort de leurs usines dès 1891 et obtient le quatrième rang lors du Paris-Rouen, première course automobile de l’Histoire.

Désireux de faire accéder son produit à la population, Emile Levassor s’associe 1891 avec Armand Peugeot, déjà réputé pour la qualité de ses bicyclettes. Le succès de l’association marque le point de départ de l’industrie automobile française, dont le primat mondial ne sera contesté qu’après la Grande guerre.

BR

Louis Ier d’Orléans (1372-1407)

Prince capétien

Fils du roi de France Charles V le Sage, il naît à Paris. Comte de Beaumont et duc de Valois, il est par la suite fait duc de Touraine, à l’âge de quatorze ans, puis reçoit le duché d’Orléans en apanage. Frère du nouveau roi, Charles VI, il est son intime durant les quelques années où celui-ci règne normalement.

Le roi devenant fou, à partir de 1392, Louis d’Orléans entre en rivalité avec le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, lequel exerce une influence grandissante sur les affaires du royaume. Cette tension est à l’origine du conflit dynastique entre Armagnacs et Bourguignons. Tâchant de gagner en influence au sein du Conseil du roi, Louis fait l’acquisition du duché du Luxembourg en 1402, en marge des territoires bourguignons. Philippe s’attache en effet à mettre en place des Etats bourguignons concurrents du royaume de France, par une continuité territoriale de diverses petites possessions.

A la mort de ce dernier (1404), la tension ne retombe pas entre Louis d’Orléans et le successeur et fils de Philippe le Hardi, Jean sans Peur. Impopulaire, Louis perd de plus en influence au sein du Conseil. On l’accuse même de vouloir rompre la trêve avec l’Angleterre. Acculé politiquement, il tâche d’évincer les Bourguignons au sein du Conseil, en avril 1407. En retour, ceux-ci l’assassinent, six mois plus tard.

Louis VIII le Lion (1187-1228)

Roi de France

Né à Paris, il est le premier enfant du roi de France Philippe II l’Auguste, et d’Isabelle de Hainaut. Louis est recueilli et élevé par sa grand-mère, Adèle de Champagne, quand son père part en croisade. Fait chevalier en 1209, il s’illustre à La Roche-aux-Moines contre Jean sans Terre, roi d’Angleterre.

Par cette victoire, il assure ainsi la sécurité du royaume de France, et gagnant l’alliance des barons anglais révoltés, qui lui promettent le Trône d’Angleterre. Ce faisant, Louis débarque en Angleterre en 1215, et y combat Jean, prenant Londres. Repoussé, il accepte de renoncer, à la condition d’une rançon. Mais, après son couronnement, il s’empare de la moitié des terres occupées en Angleterre, et, en 1225, il est choisi pour diriger la croisade des Albigeois.

Rassemblement près de cinquante mille chevaliers à Bourges, il part pour la vallée du Rhône, et affronte Raymond VII, comte de Toulouse et cible de cette croisade, à Avignon, qui tombe au bout de trois mois de siège. Puis, le combat est donné à Nîmes, Castres, Carcassonne, Albi, et surtout Toulouse, où le siège est retardé, à cause du désordre s’installant dans les troupes : maladies hivernales, défections, différends avec Thibaud de Champagne, réclamant une part des terres conquises, puis quittant la croisade. Malade de la dysenterie, Louis meurt durant le siège.

YL

Louis-Philippe (1773-1850)

Roi des Français

Né à Paris sous le nom de Louis-Philippe d’Orléans, il est éduqué par la marquise de Rochambeau, puis par le chevalier de Bonnard. Il est fait duc de Chartres en 1785. Son père prend alors parti pour les idées nouvelles, qui donneront la Révolution. Devenu jeune adulte, Orléans s’inscrit aux Jacobins.

Entamant une carrière militaire, il prend le commandement du 14e régiment de dragons en 1791. Promu maréchal de camp, il bataille à Valmy puis à Jemmapes. Quelques semaines plus tard, son père, surnommé « Philippe-Egalité », vote la mort du roi Louis XVI. Les royalistes rejettent alors la famille Orléans. Mais, sentant le vent tourner, il choisit toutefois de rejoindre le général Dumouriez (1793).

Proscrit sous la Terreur, il fuit en Suisse, tandis que son père est exécuté et ses frères emprisonnés. Vivant en exil durant l’Empire, aux Etats-Unis puis au Royaume-Uni, il ne revient qu’en 1814. Tout en se distanciant du nouveau roi, Louis XVIII, il bénéficie à plein du milliard des émigrés. Les Trois glorieuses sont finalement sa chance, qui le voient être appelé au trône, comme roi des Français, en 1830. Il règne alors dix-huit ans, avant d’être renversé par une nouvelle révolution, laquelle proclame la Deuxième République. Exilé, il meurt à Claremont, dans le Surrey, en 1850.

Louis XIII (1601-1643)

Roi de France

Le jeune Louis n’a que neuf ans lorsque l’assassinat de Henri IV, son père, fait de lui le nouveau roi de France. Par ailleurs fils de Marie de Médicis, c’est à cette dernière que revient le titre de régente. Reine faible, elle laisse son favori  Concini tirer profit de la minorité du Roi. L’aventurier est lui-même assassiné en 1617.

C’est alors auprès du duc de Luynes que Louis apprend à régner dans une France à nouveau confrontée à des troubles religieux. À la mort de ce mentor en 1621, c’est Richelieu, évêque de Luçon, qui accroît son influence auprès d’un monarque qui entend faire respecter son autorité à l’ensemble de son royaume. La lutte du tandem Louis XIII-Richelieu a d’abord pour cadre le Louvre. Les intrigues conjuguées de la reine et de Gaston, duc d’Orléans et frère du roi, conduisent celui-ci à prononcer l’exil contre la première. C’est la Journée des dupes.

Puis, sur le plan intérieur, certains bastions protestants mettent à l’épreuve leur fidélité royale, La Rochelle s’avérant être protégé par la marine anglaise. Le siège et la reddition de la ville (1627-1628) sont un des symboles de l’affirmation de l’État. Ces améliorations intérieures favorisent une politique internationale plus marquée.

BR

Louis XIV (1638-1715)

Roi de France

Surnommé le Dieudonné, Louis XIV monte sur la trône de France en 1643, à cinq ans. Le contexte politique est fragile, car le roi doit endurer durant son enfance une révolte des grandes familles nobles : la Fronde. Il affermit son pouvoir et, en 1661, après la mort de son ministre, Mazarin, l’assume personnellement.

Édificateur d’un absolutisme de droit divin dans le long exercice (plus de soixante-dix ans) de son règne, Louis XIV, le « Roi-Soleil», impose l’obéissance aux Ordres et réduit l’influence janséniste, puis celle des protestants, par la révocation de l’Édit de Nantes, qu’il décide en 1685. Son célèbre « L’Etat, c’est moi. » dit tout de sa volonté de centralisation.

Gouvernant sans plus de ministres à partir de la mort du marquis de Louvois (1691), il veille à agrandir le territoire du Royaume, ce qui l’amène à affronter les Habsbourg. C’est la politique dite du « précarré », magnifiée par le dispositif défensif que constitue la Ceinture de fer de Vauban, maréchal de France.

GB

Louis XV (1710-1774)

Roi de France

C’est par les foudroyantes disparitions de son grand-père et son père que le jeune Louis se retrouve à succéder à son aïeul Louis XIV, en 1715. Âgé de cinq ans, c’est naturellement une régence qui s’organise sous l’autorité de Philippe, neveu du feu roi. Il est sacré en 1722, un an avant sa pleine majorité.

Le roi nomme comme principal ministre le cardinal de Fleury, qui relève les finances après le désastreux épisode Law, et combat les jansénistes. En dépit de sa réputation, Louis XV est un monarque qui défend ses prérogatives dans son royaume et en Europe.

Son règne est caractérisé à l’intérieur par la lutte avec le Parlement de Paris (coup d’État de Maupeou, 1771) et par l’annexion du duché de Lorraine, donné à titre viager à son beau-père, Leszczynski. Sur la scène européenne, sa politique est guidée par la tempérance. Il s’agit de conserver l’équilibre du continent en n’imposant qu’une hégémonie intellectuelle, sans revendiquer de territoires (traité d’Aix). C’est aussi l’époque de la première rivalité coloniale avec la Couronne britannique dans le Nord de l’Amérique et aux Indes. L’échec des armes françaises lors de la guerre de Sept Ans (1756-1763) propulse le Royaume-Uni au rang de maîtresse des océans.

BR

Louis XVI (1754-1793)

Roi de France, puis des Français

Monté sur le trône à dix-neuf ans, Louis XVI commence son règne dans un contexte de grandes difficultés financières, après la participation française à la guerre d’indépendance américaine. Cette situation l’incite à instaurer un impôt direct et égalitaire, mais la noblesse de robe combat cette initiative.

Résolu à convoquer les États généraux en mai 1789 afin de lever l’impôt, il débride les exigences du Tiers-État, dont les électeurs font savoir leur mécontentement par le biais des cahiers de doléances, et dont les élus se constituent en Assemblée nationale, imposant une monarchie constitutionnelle. Acceptant d’abord les réformes, pour devenir « roi des Français », Louis XVI accumule les maladresses, à commencer par une tentative de fuite vers Montmédy, d’où il espère organiser une contre-révolution. Mais cette tentative est empêchée à Varennes, près de Verdun.

Déconsidéré par l’opinion et les parlementaires, il renâcle à déclarer la guerre aux princes allemands. Bousculé par l’Assemblée législative, il est notamment critiqué pour son application du véto (conformément à la possibilité lui tant donnée), d’où un surnom tenace : monsieur Véto. Finalement destitué après l’assaut des Tuileries, en août 1792, il est jugé par les députés de la Législative, qui votent la mort, sur le fil. L’ancien roi est guillotiné, le 21 janvier 1793.


  • M

Manès — Manuel Ier du Portugal — Marat, Jean-Paul — Martin de Tours— Metternich, Klemens von — Michaud, Joseph-François — Michelet, Jules — Miranda, Francisco de — Mitterrand, François — Mommsen, Wolfgang — Mook, Hubertus van  — Mussolini, Benito


► Manès (216-275)

Théologien sassanide, prophète du manichéisme

Né près de Ctésiphon, issu d’un milieu chrétien elkasaïte (secte syncrétique promouvant la gnose) et lié par sa mère au pouvoir arsacide, il affirme subir des révélations. Jurant à deux reprises être en contact avec des anges, il quitte alors l’elkasaïsme, convaincu d’être un nouveau prophète.

A partir de 240, Manès tâche d’imiter la vie de Jésus. Il se met alors à prêcher dans les royaume indo-grecs. Théorisant une doctrine nouvelle, le manichéisme, qui oppose bien et mal, il la présente au roi sassanide Shapur Ier. En retour, le roi voit dans le manichéisme la perspective d’une religion unificatrice.

Manuel Ier du Portugal (1469-1521)

Roi du Portugal et des Algarves

Né dans la région de Setubal, à Alcocheste, à cause des ravages de la peste dans la capitale portugaise, Manuel est le fils du prince Ferdinand. Sa famille connaît les proscriptions et l’exil, dans un contexte de lutte de pouvoirs avec le roi Jean II. Son frère aîné, Diogo de Viseu, est même assassiné.

Mais la mort du fils du roi, et les difficultés pour ce dernier à faire reconnaître son bâtard, conduisent Manuel à être désigné comme héritier de la couronne, en 1495. Devenu roi du Portugal, il contribue au développement des monopoles commerciaux, à une époque où le Nouveau monde commence à peine à être découvert. Sous son règne, le Portugal bénéficie à plein de la découverte — fortuite — du Brésil, en 1500, par une escadre conduite par Pedro Cabral. Cette acquisition stratégique et d’autres, dans les Indes orientales, constituent la première phase de l’empire colonial portugais.

En termes de politique intérieure, Manuel s’affirme comme un monarque absolu, ne réunissant les Cortes qu’à trois reprises et raidissant sa tolérance initiale vis-à-vis des juifs. Réformateur de l’État, il modernise les systèmes judiciaire et fiscal du royaume, de même qu’il constitue un code de lois : les Ordenações manuelines. Manuel meurt en 1521, à Lisbonne.

GB

Jean-Paul Marat (1743-1793)

Médecin, journaliste et homme politique français

Archétype du révolutionnaire, Jean-Paul Marat détonne toutefois par ses origines suisses et son passé d’homme de sciences. Mais, comme nombre de figures de la Révolution, il est aussi journaliste — fondant L’Ami du peuple — dont le court passage à la Convention ne conduit pas à émousser les idées.

Cet acteur décisif de la Terreur naît à Boudry, près de Neuchâtel, il est le fils d’un moine défroqué sarde. Avec sa famille, il quitte la Suisse en 1759, et devient précepteur. Monté à Paris, il se forme se manière autodidacte à la médecine. Puis il se fixe à Newcastle, en 1770. Revenu en France, il ouvre un « cabinet d’expériences » spécialisé en physique expérimentale. Mais il est désavoué par l’Académie des sciences.

La politique apparaît alors pour lui comme une porte de sortie : il y entre par une critique du projet constitutionnel de 1789. S’intéressant au journalisme, il édite Le Publiciste parisien et, surtout, L’Ami du peuple, l’un des grands journaux de la Révolution. Entré à la Commune de Paris, il perce ensuite à la Convention, où il s’affirme comme l’un des députés les plus fanatiques et hostile aux Girondins. Mais, malade, il n’apparaît plus en public à partir de juin 1793. Un mois plus tard, il est assassiné par une jeune femme proche des milieux girondins de Caen : Charlotte Corday.

GB

Marie-Thérèse de Habsbourg (1717-1780)

Archiduchesse d’Autriche, reine de Hongrie et de Bohême

Maria-Theresia von Habsburg de son nom allemand, elle naît à Vienne. Elle est la fille de l’empereur Charles VI. A dix-neuf ans, elle épouse François-Etienne de Lorraine, qui lui fait seize enfants. Son père n’ayant pas de descendance mâle, la succession lui est promise dès la Pragmatique sanction (1713), laquelle la réserve à l’aîné de ses enfants survivants, quel qu’en soit le sexe. Cette disposition est difficilement reconnue par les puissances européennes, qui ne l’acceptent qu’en renâclant.

Théoriquement impératrice à la mort de Charles, en 1740, Marie-Thérèse éprouve toutefois des difficultés à asseoir son pouvoir. En effet, des puissances de rangs aussi divers que la Bavière, l’Espagne, la Saxe ou la France contestent la Pragmatique sanction.

GB

Martin de Tours (316-397)

Saint de l’Église

Sa vie est essentiellement connue par une œuvre de son disciple Sulpice Sévère, la Vie de Saint-Martin. Martin est né dans la province romaine de Pannonie (actuelle Hongrie) au sein d’une famille païenne, fils d’un tribun. En 331, il décide de rejoindre l’armée, et se retrouve engagé dans la garde de Constantin.

La tradition chrétienne veut qu’à proximité d’Amiens, Martin partage son manteau avec un mendiant. Ayant rejoint Saint-Hilaire à Poitiers pour y recevoir le baptême et le sacerdoce, il se fait ermite et essaie d’évangéliser sa Pannonie natale. De retour en Gaule, il fonde avec l’appui de Saint-Hilaire le monastère de Ligugé, près de Poitiers (350), lieu de retraite et de mortifications. Devenu évêque de Tours, Martin fonde un second monastère à Marmoutiers, sur les bords de Loire.

Évangélisateur infatigable, il entreprend de grandes tournées missionnaires dans l’Ouest de la Gaule, fondant nombres de communautés religieuses et paroissiales. En cela, Martin est le principal agent d’extinction du paganisme, facilitée par la reconnaissance du catholicisme comme religion de l’Empire romain d’ccident. Il décède dans son diocèse de mort naturelle, à Canes. Fait saint, il occupe dans la culture chrétienne française une place de choix (près de quatre mille églises paroissiales portent son nom).

GB

Klemens von Metternich (1773-1859)

Homme d’Etat autrichien

Klemens Wenzel von Metternich naît à Coblence, en 1773. Filleul de l’archevêque-électeur de Saxe, il est lié par ce dernier au roi de France, Louis XVI. Etudiant le droit à l’Université de Strasbourg, il est le témoin des premiers événements révolutionnaires, notamment le sac de l’Hôtel de ville.

Epousant en 1795 la fille du chancelier Kaunitz, il connaît alors une ascension sociale accélérée. Metternich s’oriente alors vers la diplomatie, devenant ambassadeur d’Autriche, à Berlin, Saint-Pétersbourg, et, surtout, Paris. Dans la capitale française, où il est affecté à partir de 1806, il côtoie directement Napoléon. Estimant initialement que la France peut s’allier à l’Autriche, il se désillusionne rapidement, et les deux puissance s’affrontent. Après la défaite autrichienne à Wagram (1809), Metternich quitte Paris.

Il est alors nommé chancelier, et devient à ce titre le principal ministre du tout nouvel empereur d’Autriche, François Ier. Progressivement, Metternich gagne en influence.

GB

Joseph-François Michaud (1767-1839)

Historien et journaliste pamphlétaire sarde, puis français

Né en Savoie (alors possession de la Sardaigne), Joseph-François Michaud effectue ses études au collège ecclésiastique de Bourg-en-Bresse. S’installant à Lyon en 1786, il y devient commis de librairie, et se pique d’écriture : il commet alors un Voyage littéraire au Mont-Blanc, sur sa région natale.

Partisan des idées nouvelles inspirées des Lumières, tout en restant fidèle à la Monarchie française, il devient journaliste. Michaud collabore à La Gazette universelle, puis au Postillon de guerre. Progressivement, il glisse vers les idées républicaines. En témoigne son poème de 1794, L’Immortalité de l’âme, rappelant Le Chant du départ : « Ah ! Si jamais des rois et de la tyrannie, mon cœur subit le joug impie… »

Ambigu, il se découvre royaliste après Thermidor An II et la chute de Maximilien Robespierre, donnant des articles à La Quotidienne. L’insurrection du 13-Vendémiaire (5 octobre 1795) le voit marcher aux côtés des royalistes, contre la Convention. Devant fuir après l’échec du coup de force, il trouve refuge dans la région de Chartres, est arrêté, emprisonné, mais s’évade. Condamné à mort par contumace, il fuit en Suisse. Il faut attendre 1810 pour le voir réhabilité, après un ralliement tardif à Napoléon Ier. Retiré de la politique, il se consacre à la rédaction d’une Biographie universelle, en une trentaine de tomes.

GB

Jules Michelet (1798-1874)

Historien français

Né à Paris, il vient d’une famille catholique. Fils unique d’un maître-imprimeur et d’une paysanne, il est tôt initié au métier de son père. Ce père lui refuse toutefois une place à l’Imprimerie impériale, et l’envoie apprendre le latin en 1809. Michelet passe ensuite par le lycée Charlemagne.

En 1818, il obtient sa licence ès lettres, et l’année suivante, son doctorat. Devenu agrégé, il est nommé professeur dans un collège parisien. Il utilise son temps libre pour la rédaction de ses premiers « travaux » historique : des manuels scolaires. Son Précis d’histoire moderne (1827) le fait remarquer de la communauté des historiens.

La carrière de Michelet connaît une accélération durant la monarchie de Juillet. En effet, il devient le précepteur de la princesse Clémentine, puis chef de la section historique des Archives nationales. Ses nouvelles facilités d’accès aux documents historiques lui permettent d’écrire une impose Introduction à l’histoire universelle, en 1831. Mais son oeuvre majeure est avant tout l’Histoire de France, somme de cinq mille pages qu’il rédige pendant une quinzaine d’années. Il y développe une approche historiciste (liant les connaissances à une situation historique contextuelle) influencée par les Lumières mais rétive aux idées socialistes. Destitué du Collège de France sous le Second Empire, Michelet refuse de prêter serment, et perd ainsi de même sa place aux Archives. Apoplexique, il meurt en 1874, à Hyères.

GB

► Francisco de Miranda (1750-1816)

Militaire et homme d’État vénézuélien

Issu d’une famille aisée de Caracas, Francisco de Miranda, il part en Espagne en 1771 pour commencer une brillante carrière militaire. Après avoir notamment combattu durant la Révolution française, celle-ci le porte jusqu’au grade de généralissime de la République vénézuélienne nouvellement constituée.

Au printemps 1811, Miranda devient durant quelques semaines dictateur du Venezuela. L’année suivante, une contre-attaque espagnole le conduit à signer un armistice. Simon Bolivar, autre homme fort de la République, se sent trahi, et le fait livrer aux Espagnols, qui l’emprisonnent à Cadiz. Il y décède en 1816.

GB

François Mitterrand (1916-1996)

Homme d’État français

François Mitterrand naît en 1916 à Jarnac, en Charente, dans une famille bourgeoise et plutôt conservatrice. Pensionnaire dans un collège privé d’enseignement catholique, il y excelle en histoire et en littérature. Bachelier en 1934, Mitterrand part pour Paris et s’inscrit en Faculté des lettres et de droit.

Engagé en 1939, il est envoyé sur la ligne Maginot, près de Montmédy. Blessé, il est fait prisonnier, puis envoyé dans un stalag. Evadé en décembre 1940, il regagne la France, passe à Saint-Tropez puis Vichy, où il obtient un emploi d’agent contractuel. Il est ensuite affecté dans le Commissariat au reclassement des prisonniers de guerre. Parallèlement, il prend contact avec la Résistance, en 1942. Reçu par le Pétain, il est décoré de la Francisque. Rompant avec Vichy en 1943, il passe à la clandestinité, se rend à Londres et rencontre de Gaulle.

De retour en France, il entre au Gouvernement provisoire. Élu député, il est l’un des hommes forts de la Quatrième République. Opposant à de Gaulle, il semble compromis par l’affaire de l’Observatoire (1959), mais rebondit, publiant un pamphlet anti-gaulliste, Le coup d’Etat permanent, et parvenant à mette le Général en ballotage. Unissant la gauche, il échoue de peu face à Giscard. Il est finalement élu contre lui, en 1981. Mitterrand effectue alors deux septennats.

Wolfgang Mommsen (1930-2004)

Historien allemand

Petit-fils du célèbre historien antiquisant  Theodor Mommsen, il naît à Marbourg, en 1930. Mommsen se spécialise dans l’histoire allemande contemporaine, notamment le Printemps des peuples et la période de l’Empire allemand. Il enseigne à la Heinrich Heine Universität de Düsseldorf.

Parmi ses élèves les plus connus, figure Gerd Krumeich, historien majeur de la Première guerre mondiale. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont un monumental Imperial Germany, publié en anglais. Ce livre retrace l’histoire de l’Empire allemand depuis ses prémices (la guerre austro-prussienne) jusqu’à l’écroulement de 1918, en s’intéressant aux aspects sociopolitiques et culturels.

GB

Hubertus van Mook (1894-1965)

Universitaire et administrateur colonial néerlandais

Fonctionnaire consciencieux du pouvoir néerlandais aux Indes orientales, Hubertus van Mook s’éloigne de l’archétype des administrateurs coloniaux. À l’instar d’un Lyautey, on le connaît proche des Indonésiens, et suffisamment soucieux de connaître leur culture pour écrire sur leur sujet.

Sa naissance en Indonésie même, à Semarang, sur Java, explique sans doute en partie ce tropisme en faveur de ses administrés. Logiquement, il fait ses études dans la métropole, à la TU Delft, principale université publique des Pays-Bas. Nommé comme gouverneur général des Indes orientales en 1942, sa carrière se poursuit par un haut-commissariat prestigieux.

L’occupation de  l’Indonésie par les Japonais, change nettement la donne. Exilé, le gouvernement néerlandais manque alors de perdre son empire. Timidement, il met toutefois sur pieds une administration coloniale en exil, depuis Brisbane, en 1944, avec Mook à sa tête. La réinstallation n’intervient toutefois pas dès le Japon vaincu, car, sitôt les bombardements atomiques, les nationalistes du PUTERA, et l’armée du PETA, guidés par Soekarno, déclarent l’indépendance de l’Indonésie. La condamnation des Américains a raison des colonialismes : en 1950, les Pays-Bas abandonnent les Indes. Mook intègre alors l’ONU. Se retirant ensuite en France, il meurt près de Sorgues.

Benito Mussolini (1883-1945)

Journaliste et homme d’État italien

Né en Romagne, Benito Mussolini devient instituteur en 1901. Il fuit en Suisse pour ne pas passer son service militaire. Amnistié en 1904, il anime le Partito socialista italiano (PSI, Parti socialiste italien), et son organe Avanti !. Il est exclu du parti lorsqu’il soutient l’entrée en guerre de son pays aux côtés des Alliés.

Volontaire en 1915, il est blessé. Profitant de l’explosion nationaliste consécutive la victoire, il fonde les Faisceaux italiens de combat (Fasci italiani di combattimento) conjugué à une organisation syndicale qui revendique plus de sept cents mille adhérents en 1922. Profitant du climat de grève, il s’empare de la mairie de Milan, point de départ de sa marche sur Rome. Le Duce (Guide) reçoit alors du roi Victor-Emmanuel III la direction du Gouvernement et, ayant été investi des pleins pouvoirs, devient le véritable chef de l’Italie. Il fonde en 1923 une milice et un parti unique : le Partito nazionale fascista (PNF, Parti national-fasciste). Quelques années plus tard, les élections sont interdites.

Mussolini envahit ensuite l’Éthiopie et conclut avec l’Allemagne et le Japon le Pacte d’acier, en 1939. Entrée en guerre, l’Italie n’aligne pas les succès escomptés (débâcles dans les Balkans et en Afrique du Nord) et l’aide d’Adolf Hitler ne fait que retarder l’issue fatale. Mis en minorité par son Gran Consiglio (Grand conseil), Mussolini fest emprisonné par ordre du roi. Délivré par un commando de Waffen-SS, il est arrêté par des partisans et exécuté, en avril 1945.


  • N

Napoléon III


Napoléon III (1808-1873)

Empereur des Français

Neveu de l’empereur Napoléon Ier, il naît à Paris sous le nom de Louis-Napoléon Bonaparte. Logiquement exilé après la chute du Premier Empire, il passe ses jeunes années à conspirer, en faveur de l’unité italienne puis de retour d’un Bonaparte en France : lui-même. Sa première tentative, en 1835, est un échec.

S’intéressant à la politique et la philosophie, il théorise une Extinction du paupérisme qui montre un intérêt original et sincère pour la question ouvrière et suscite une curiosité pour sa personne. La révolution de février 1848 est son heure, avec la surprenante élection présidentielle au suffrage universel directe qu’elle engendre. En décembre, le voici élu président avec 75 % des voix.

Il vide rapidement la Deuxième République de sa substance en se faisant plébisciter puis en organisant un coup d’Etat. C’est le 2-Décembre, qui voit en un an le régime se transformer en un Second Empire. Confiant dans sa politique extérieure, il s’entend avec le Royaume-Uni fasse à la Russie, mais s’avère brouillon au Mexique et échoue face à la Confédération germanique, contre qui il déclare la guerre en juillet 1870. Le 2 septembre, il est capturé à Sedan. L’Empire s’effondre, tandis qu’est de nouveau proclamée la République, le 4.

GB


  • O

Ojeda, Alonso de


► Alonso de Ojeda (1466-1515)

Explorateur et conquistador espagnol

Issu à la fois de la noblesse et d’un milieu pauvre, Alonso de Ojeda fait carrière aux côtés des ducs de Medina Sidonia. Par l’entremise de l’évêque de Burgos, il accompagne Christophe Colomb au Nouveau monde lors de son deuxième voyage (1493), se distinguant par sa dureté face aux indigènes.

De retour dans les Caraïbes en 1499, cette fois-ci pour son propre compte et aux côtés d’Amerigo Vespucci, il découvre un nouveau territoire près de l’embouchure de l’Orénoque, qu’il nomme Venezuela, par allusion à Venise. Empiètant sur les privilèges donnés à Colomb, il rentre en Europe l’année suivante.

GB


  • P

Pétain, Philippe Philippe II l’Auguste — Philippe IV le BelPie VI — Plessis de Richelieu, Armand du — Pompadour — Pompidou, Georges


Philippe Pétain (1856-1951)

Militaire et homme d’État français

Né à Cauchy-à-la-Tour, dans le Pas-de-Calais, au sein d’une famille de cultivateurs, Philippe Pétain est élevé par ses grands-parents. Adolescent, ému par les événements de la guerre franco-prussienne, il décide de devenir soldat. Doué en géométrie, il se fait remarquer, et intègre l’école militaire de Saint-Cyr en 1876.

Mal classé, il gravit lentement les échelons. Discret sur ses opinions, il devient l’aide de camp du général Brugère, dans un contexte de républicanisation de l’armée. Pétain confirme sa neutralité politique lors de l’affaire des fiches et de la séparation des Églises et de l’Etat. Ainsi, il se construit l’image d’un militaire à la fois républicain et rétif aux partis. Refusé au grade de général, il connaît une deuxième carrière, à la tête de la 4e brigade d’infanterie. Pétain est alors fait général, en 1914. Sous les ordres du maréchal Joffre, il est l’un des vainqueurs de Verdun. Ce fait d’armes l’élève au maréchalat.

Auréolé de prestige, il entame une carrière de diplomate, puis est appelé au pouvoir en 1940, en pleine guerre contre l’Allemagne. Décidant l’armistice, il obtient les pleins pouvoirs, puis engage la France dans la collaboration avec les nazis. C’est l’État français (régime de Vichy), qui devient l’autorité de fait de la France occupée, jusqu’en 1944. A la Libération, Pétain est jugé, condamné à mort, mais gracié.

GB

Philippe II l’Auguste(1165-1223)

Roi de France

Héritier du roi Louis VII, Philippe-Auguste monte sur le trône en 1180. Il s’intitule roi de France (rex Franciae), au lieu de l’ancien titre de roi des Francs.  Cette novation marque une étape cruciale de la constitution de l’Etat français. Rival de Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre il le vainc à Châlus-Chabrol, dans le Limousin.

Il est avant tout connu pour sa victoire décisive à Bouvines, en 1214, contre les Impériaux.  Ce triomphe le pousse ensuite à porter le combat contre Jean d’Angleterre. Consolidateur du royaume, il acquiert la Bretagne, la Champagne et l’Auvergne, et combat en parallèle l’hérésie albigeoise : les cathares.

Philippe IV le Bel (1268-1314)

Roi de France

Né à Fontainebleau, il est le fils de Philippe III le Hardi et d’Isabelle Aragon, sa première femme. Il parvient au trône après la mort de son père, en 1285, sous le nom de Philippe IV, dit « le Bel ». Les débuts de son règne sont sérieusement encalminés par les désordres monétaires qui frappent la France.

Cette situation est induite par les nouveaux impôts, et leur rejet par la bourgeoisie. Pour y remédier, Philippe le Bel alterne dévaluations et réévaluations de la monnaie. Les finances sont également assainies par la spoliation pure et simple des Lombards, des juifs et des Templiers. La volonté du roi de constituer un Etat unitaire et centralisé autour de Paris se manifeste notamment par le rachat du Quercy, jusqu’ici possession anglaise. Philippe le Bel fortifie par ailleurs le gouvernement royal, s’entourant de légistes et subdivisant la Cour du roi en trois nouveaux ensembles, sorte de pré-ministères : le Grand conseil, le Parlement et la Chambre des comptes.

Contesté autant par le petit peuple que par les bourgeois, en raison de ses réformes jugées impopulaires, Philippe IV accumule en revanche les succès en termes de politique étrangère, à commencer par la conquête de la Flandre (1305) et sa rupture avec le pape. Cette époque de guerre à l’extérieur entraîne aussi la création de la Marine royale.

GB

Pie VI (1717-1799)

Pape de l’Église

Né Giannangelo Braschi, il est issu de la noblesse de Romagne. Élevé par les Jésuites, il étudie le droit civil et le droit canonique à l’Université de Ferrare puis devient secrétaire du cardinal Ruffo. La nomination de son maître comme doyen du Sacré Collège le fait devenir auditeur, et administrateur de diocèses.

La mort du cardinal Ruffo, en 1753, entraîne une nouvelle évolution de carrière : il est choisi comme secrétaire particulier du pape Benoît XIV, puis ordonné prêtre. Devenu maître de l’administration financière des Etats pontificaux sous Clément VIII, il est élevé à la dignité de cardinal-prêtre de Saint-Onuphre-du-Janicule, en 1773.

Avec le soutien de la France, il est élu l’année suivante comme pape, sous le nom de Pie VI. Il tâche alors de réduire le joséphisme dans le Saint-Empire, qui accroît l’influence de l’État sur les affaires religieuses et sociales. Mais ce sont surtout les conséquences de la Révolution françaises auxquelles il doit faire face : nationalisation des biens du clergé et constitution civile du clergé. Il condamne naturellement cette dernière, dans le cadre du Quod aliquantum, en 1791. Les révolutionnaires le privent de plus d’Avignon, territoire historiquement lié à la Papauté, annexé par la France. Ses relations avec la jeune république s’enveniment, suscitant la campagne d’Italie, en 1796.

Armand du Plessis de Richelieu (1585-1642)

Ecclésiastique et homme d’État français

Il naît à Paris dans une famille noble. Son père, capitaines des gardes du roi Henri IV, meurt alors qu’il n’a que cinq ans. Pris en charge par son oncle, Plessis de Richelieu est inscrit en 1594 au collège de Navarre, où il étudie la philosophie. Formé dans une académie équestre, il apprend également la voltige.

Cependant, Richelieu doit se tourner vers une carrière religieuse à partir de 1605. Son frère refusant l’évêché de Luçon, il doit donc l’exercer. Devenu docteur en théologie (1607), il s’affirme dans son diocès comme un catholique  réformateur. Par l’entremise de Denis Bouthilier, secrétaire particulier de la Régente, Marie de Médicis, l’évêque parvient alors à se faire élire comme député du clergé aux Etats généraux. Repéré par la reine, il entre alors à son service.

Toutefois, l’assassinat de Concini, en 1617, fragilise Richelieu. Exilé à Blois, puis à Coussay (près de Loudun), il est ensuite banni par le roi Louis XIII à Avignon. La réconciliation met plusieurs années à intervenir. Mais finalement, Richelieu, devenu cardinal, accède au Conseil du roi, en 1624. Le cardinal s’affirme progressivement comme un grand homme d’Etat, soucieux de réduire l’influence protestante dans le royaume, d’abaisser la Maison d’Autriche et de mettre la noblesse au service exclusif de la Monarchie.

Marquise de Pompadour (1721-1764)

Bourgeoise française, favorite du roi

Née sous le nom de Jeanne Poisson, son existence ne débute pas sous les meilleurs auspices. Fille d’un financier jadis protégé par les Pâris, elle doit quitter le royaume pour fraudes. C’est sa mère qui assure l’éducation de ses deux enfants, étant aidée en cela par Le Normant de Tournehem, fermier général.

Développant un goût prononcé pour les diverses formes d’art – et en premier lieu la littérature, elle fréquenta les salons parisiens de mesdames de Tencin et de Goeffrin. Remarqué pour son esprit autant que pour ses charmes par le roi de France, Louis XV, elle en devient la maîtresse suite à la mort de madame de Châteauroux (1745). Le roi lui confère alors le marquisat de Pompadour. Sa faible extraction et sa position de favorite scandalise le parti, dévot dont le dauphin Louis assume l’autorité.

Désireuse de ne point exister que dans l’ombre du monarque, la marquise soutient deux mouvements distincts. Le premier est celui des idées nouvelles. Elle protège les philosophes, contrecarre les attaques du clergé après la parution de L’Encyclopédie et favorise la physiocratie pensée par Quesnay, son médecin personnel. Le second est le soutien constant qu’elle apporta aux cabinets Bernis et Choiseul. Elle joue un rôle important dans le reversement des alliances (1756) mais dresse la robe contre l’épée. Ce climat délétère jalonne les décennies suivantes.

BR

Georges Pompidou (1911-1974)

Homme d’État français

Né à Montboudif, dans le Cantal, Georges Pompidou est fils d’instituteurs. Il est scolarisé à Albi, où son père enseigne. Brillant en grec et en français, Pompidou entre en classes préparatoires à Toulouse. Il milite alors à la Ligue d’action universitaire républicaine et socialiste (LAURS).

Reçu à l’ENS, il est par la suite major d’agrégation de lettres. Il devient enseignant à Marseille, puis à Henri IV, où il prépare les élèves à l’Ecole coloniale. Mobilisé en 1940 au 141e régiment d’Infanterie alpine, il est nommé comme officier de renseignement, dans la mesure où il parle allemand. Démobilisé, il retourne à Henri IV.

C’est par le biais d’un ami gaulliste que Pompidou entre en politique. Il devient alors chargé de mission à l’Éducation nationale auprès de Charles de Gaulle, qui en fait son homme de confiance. Après le départ du Général, il reste son conseiller. En 1958, lors du retour de De Gaulle, ce dernier en fait son directeur de cabinet. Puis Pompidou devient Premier ministre Fragilisé par les événements de Mai-68, il bénéficie toutefois du départ de De Gaulle. En 1969, Pompidou est élu président de la République. Son mandat — écourté — est notamment marqué par l’entrée du Royaume-Uni dans la CEE, la modernisation économique de la France et la création du Ministère de l’environnement.


  • R

Reynaud, Paul — Richard Ier Cœur de Lion — Romulus Augustule — Robespierre, Charlotte — Rousseau, Jean-Jacques


Paul Reynaud (1878-1964)

Homme d’Etat français

Originaire de Barcelonnette, il s’implante politiquement dans son département avant de devenir député de la Seine, dans les rangs centristes de l’Alliance démocratique (AD). Plusieurs fois ministre dans des cabinets de la Troisième République, il se distingue dans sa gestion des Finances.

Partageant la prescience de Charles de Gaulle sur l’arme blindée, il promeut discrètement les positions de ce dernier. Nommé président du Conseil en mars 1940, il cumule cette fonction avec la Guerre, dans le contexte d’une attaque imminente de l’Allemagne. Lorsque celle-ci intervient, des désaccord se font jour entre lui et la majorité de son cabinet, quant à la continuation de la guerre. Peu soutenu, harrassé, il doit se résoudre à démisionner en juin : Philippe Pétain, favorable à l’armistice, le remplace alors. Mis à l’écart par l’autorité de Vichy, il est emprisonné. Finalement, en 1942, les Allemands le déportent.

Après-guerre, il reprend la politique. Gagnant la députation du Nord en 1946, il est brièvement ministre de l’Economie nationale. Rallié aux conceptions institutionnelles du général de Gaulle, il le soutient, puis rompt sur la question de l’élection présidentielle au suffrage universel.

Richard Ier Cœur de Lion (1157-1199)

Roi d’Angleterre

Né à Oxford, Richard Ier Cœur de Lion est tout d’abord duc d’Aquitaine, à partir de 1169, puis devient roi d’Angleterre et duc de Normandie. Troisième fils d’Henri II d’Angleterre et d’Aliénor d’Aquitaine, il n’est pas destiné à monter sur le trône, mais quand ses parents se séparent, il hérite de l’Aquitaine.

Il mène en 1173, avec ses frères Henri le Jeune et Geoffroy II de Bretagne, sous l’influence de leur mère, une révolte contre leur père, visant à prendre sa place au pouvoir. Mais, deux fois, Henri envahit l’Aquitaine, et finalement Richard est le seul à lui résister, refusant un affrontement de face Richard dut se soumettre à son père. Dans les années qui suivirent, il doit faire face au roi de France Philippe II l’Auguste, qui devient son principal rival et aux révoltes de seigneurs d’Aquitaine qui ne supportent pas l’autorité de la famille royale d’Angleterre, en particulier en Gascogne, où il fonde Marmande en 1182, et construit de nombreux châteaux, comme Soumensac.

Recevant une réputation de cruauté, il doit en même temps faire face aux rebelles et à ses frères qui s’allient contre lui pour le détrôner, et tient grâce au soutien de son père qui craint que ces révoltes ne détruisent son royaume. Finalement, Henri le Jeune meurt en 1183, et Richard devient donc héritier légitime du trône d’Angleterre.

YL

Romulus Augustule (vers 461-après 494)

Empreur romain d’Occident

Les dates de naissance et de mort de Romulus Augustule (Romulus Augustulus) restent approximatives. Il est le fils d’Oreste, homme investi dans les affaires publiques au point d’avoir fait déposer le dernier empereur, Jules Népos, à l’été 475. Un interrègne de deux mois aboutit à l’avènement de Romulus.

La vie de Romulus coïncide avec la disparition de l’Empire romain d’Occident. Au-delà des querelles qui agitent Rome, l’Empire est en proie à des invasions menaçant son unité. Le péril hun repoussé, ce sont les Vandales du roi Genséric qui investissent la mer Tyrrhénienne, occupent Rome et la dépouillent de ses richesses (455). L’aide militaire apporté par Léon Ier, empereur d’Orient, aboutit au désastre. De plus, Léon Ier, ayant élevé Jules Népos à la dignité impériale, son successeur, Zénon, ne reconnaît pas la légitimité de Romulus.

Force est de constater l’incapacité pour Romulus d’endiguer ces dangers conjugués. En l’an 476, c’est un ancien soldat romain d’origine barbare, Odoacre, qui devient le nouvel homme fort de l’Empire. Après avoir fait exécuter Oreste, il se fait donner les insignes impériaux qu’il transfère directement à Byzance. Le devenir du dernier empereur d’Occident est sujet à questionnement.

BR

Charlotte Robespierre (1760-1804)

Littératrice française

Sœur du célèbre Maximilien Robespierre, elle subit comme lui très tôt une situation d’orphelinat. De l’âge de huit à vingt-et-un ans, Charlotte Robespierre est boursière d’une institution de jeunes filles pauvres. Lorsqu’elle en sort, elle emménage à Arras, avec son frère, puis part avec lui à Paris, en 1792.

Joseph Fouché lui propose de l’épouser, mais Maximilien Robespierre s’y oppose. Brouillé avec le frère cadet, Augustin Robespierre, lors d’un voyage officiel de celui-ci à Toulon puis à Nice, elle reste toutefois très liée avec l’aîné, y compris politiquement. Après Thermidor An II (juillet 1794) et la chute des robespierristes, elle se croit menacée et, ce faisant, se cache tout en changeant son patronyme. Découverte et arrêtée, elle est libérée deux semaines plus tard par le Comité de sûreté général.

Devenue littératrice, tout en écrivant les mémoires de ses frères Maximilien et Augustin, elle se fait assez discrète. Pour autant, le pouvoir ne l’oublie pas. Ainsi, à partir de 1803, l’empereur, Napoléon Ier, lui attribue une aide périodique, par l’entremise de Fouché, alors ministre de l’Intérieur. Les gouvernements ultérieurs maintiennent d’ailleurs ce geste symbolique de considération. Charlotte Robespierre meurt en 1834, à Paris.

GB

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)

Écrivain et philosophe suisse

Originaire de Genève, il naît dans une grande pauvreté, et est orphelin dès son jeune âge. Son oncle le place rapidement en apprentissage chez un graveur. Battu par son maître, il préfère fuir, en 1728. Il trouve alors refuge auprès du curé de Confignon, lequel l’envoie chez une noble de Vevey : la baronne de Warens.

Rousseau s’éprend de la baronne, et en fait ultérieurement sa tutrice et sa maîtresse. Converti au catholicisme, il part pour Turin, où il vit d’expédients, inspirant la compassion d’aristocrates locaux. En 1729, il prend la route de Chambéry, où il espère retrouver Warens, puis erre en Suisse. Rousseau se fixe ensuite en Savoie, où il occupe un emploi aux services administratifs du Cadastre.

Progressivement, par la lecture, il se familiarise avec les idées des Lumières. Rousseau se lie alors à Alembert et Condillac, de deux ses principales figures en France. A partir de 1750, il se met activement à l’écriture. Naissent alors un Discours sur la science et les arts, Du contrat social et, surtout, Julie ou la Nouvelle Héloïse, qui est l’un des livres les plus imprimés du siècle. Dans ses écrits, Rousseau bâtit une philosophie voyant dans l’homme un être naturellement bon, mais toutefois corrompu par la société. Quelques décennies plus tard, le rousseauisme est naturellement la matrice intellectuelle de nombreux révolutionnaires français.

GB


  • S

Sartre, Jean-Paul — Soekarno — Sonier de Lubac, Henri de — Struensee, Johann-Friedrich


Jean-Paul Sartre (1905-1980)

Écrivain français, philosophe de l’existentialisme

Né à Paris, fils unique, Jean-Paul Sartre est élevé dans un milieu bourgeois : père enseigne de vaisseau, oncle polytechnicien, mère cousine du médecin Albert Schweitzer. Choyé, Sartre est toutefois orphelin de père à l’âge d’un an. Son grand-père l’éduque dès lors. La famille déménage à La Rochelle.

Sartre revient toutefois à Paris, après une maladie. Lycéen à Henri IV, il y rencontre Paul Nizan, puis part à Louis-le-Grand, d’où il prépare le concours d’entrée à l’École normale supérieure (ENS). Facétieux et dilettante, Sartre se politise, et s’essaie à l’antimilitarisme dans la revue de l’ENS. Mais, trop original, il échoue à l’agrégation de philosophie. Préparant de nouveau le concours, il rencontre Simone de Beauvoir. L’un et l’autres sont reçus. Dans ses lectures, il découvre Edmund Husserl, pionnier de la phénoménologie, qui l’inspire profondément.

Demandant une affectation au Japon, il est nommé au Havre, en 1931. Ce passage à vide est interrompu par la guerre. Pacifiste, Sartre s’engage dans la Résistance en 1941, malgré une attitude trouble vis-à-vis de l’occupant. Après la Libération, il se revendique comme philocommuniste et connaît la gloire, par la diffusion de ses idées existentialistes et sa revue : Les Temps modernes. Ce succès s’accompagne de celui du couple qu’il forme avec Beauvoir.

GB

Soekarno (1901-1970)

Homme d’État indonésien

Figure majeure de l’Indonésie, Soekarno est avant tout perçu comme un acteur majeur des décolonisations, aux côtés de Hatta, contre l’impérialisme néerlandais. Son parcours, plus nuancé, se caractérise pourtant paradoxalement par une collaboration initiale avec les Japonais.

Grâce à la position sociale des parents, aristocrates Javanais, Soekarno parvient à accéder à un lycée européen, puis s’oriente vers des études d’ingénieur, dont il sort diplomé en 1926. Sensible tant aux thèses de Sarekat Islam que de l’ISDV social-démocrate, il s’intéresse à la politique. S’ensuit la fondation du PNI, en 1927. Mais cet activisme agace les autorités, qui l’emprisonnent, puis l’exilent sur Sumatra.

L’occupation japonaise est sa chance. Libéré en 1942, il collabore initialement avec l’occupant, créant un nouveau parti : le PUTERA. Mais celui-ci échappe progressivement à l’influence japonaise, se dotant d’une fraction armée, la PETA. Toujours convoité cependant par les Japonais, on lui promet la direction d’une Indonésie indépendante. Leur défaite accélère les choses : en 1945, Soekarno est poussé à déclarer cette indépendance. S’ensuivent des années de guerre avec les Pays-Bas. La condamnation portée par les États-Unis et l’Union soviétique a finalement raison du colonialisme néerlandais. En 1950, Soekarno peut se réjouir de présider un État souverain.

GB

► Henri de Sonier de Lubac (1896-1991)

Théologien et cardinal français, jésuite

Entré dans la Compagnie de Jésus à l’âge de dix-sept ans, Henri de Sonier de Lubac passe son noviciat à Jersey, île anglo-normande, compte tenu du bannissement des congrégations qui sévit alors. Combattant durant la Première guerre mondiale, il est grièvement blessé à la tête, en 1917.

Ordonné prêtre, il devient professeur de théologie à Lyon. Ses années d’enseignement lui inspirent la rédaction d’un livre, en 1938 : Catholicisme, les aspects sociaux du dogme. Engagé dans la Résistance, il crée les Cahier du témoignage chrétien. Soupçonné de modernisme après-guerre, il doit quitter Lyon pour Paris.

Strabon (vers 64 avant Jésus-Christ-après l’An 20)

Historien et géographe grec

Mal connue, la vie de Strabon est celle d’un grec d’Amasée (actuelle Amasya, en Turquie), dans le siècle d’Auguste, qui voit l’instauration de l’Empire romain. S’installant à Rome vers 45 avant Jésus-Christ, il voyage également beaucoup : dans le reste de la péninsule italienne, mais aussi en Gaule, en Égypte et en Éthiopie.

Ces différents voyages sont le matériau de sa première oeuvre majeure, des Commentarii historioi (Commentaires historiques) en quarante-trois livres et, surtout, une Geographein (Géographie) en dix-sept livres, un par région du monde connu. De cette quantité monumentale d’écrits, il en ressort la première représentation concrète du globe terrestre, essentiellement l’Europe, l’Afrique du Nord et l’Asie mineure.

Admiratif de la puissance impériale romaine, il représente un modèle concret de sujétion culturelle grecque aux dominants de l’époque. Sa vie devient obscure au-delà de 20 après Jésus-Christ. Il semble alors voyager entre Naples et la Judée. Il paraît encore vivre en 23, remaniant son oeuvre géographique. Mais sa date et son lieu de décès demeurent inconnus.

GB

Johann-Friderich Struensee (1737-1772)

Médecin prussien

Fils d’un pasteur germanique, Struensee grandit dans la Saxe des Wettin. Intéressé par les sciences promues par le rationalisme des Lumières, il poursuit des études de médecine et exerce à partir de 1757. D’abord médecin rural, où il s’attache à éradiquer la variole, il est appelé à la cour de Christian VII de Danemark.

La situation du Danemark dans au cœur du XVIIIe est inquiétante. La monarchie absolue s’effrite sous la faiblesse de ses rois et l’hégémonie régionale appartient encore à la Suède, en dépit son déclin depuis la mort de Charles XII (1718). Les efforts du comte de Bernstorff, ministre de Frédéric V, permettent néanmoins au Danemark de se constituer une marine marchande et de faciliter l’accès à la propriété. C’est à ce moment qu’arrive Struensee. Ce dernier découvre la faiblesse et les dépravation de Christian VII, mais lie également une relation avec la reine Caroline-Mathilde. Devenant le champion de celle-ci, il remplace Bernstorff comme Premier ministre en 1770.

Struensee, dont les méthodes de gouvernement se rapproche du despotisme éclairé, abolit le servage et la torture. En parallèle, il dissout les corporations mais s’aliène la fidélité de la noblesse et du clergé. Ceux-ci convainquent le roi d’arrêter le ministre qui avoue sa relation avec la reine (1772). il est exécuté pour complot contre la personne du roi : avant d’être décapité, sa main droite est mutilée.

BR


  • T

Théodora — Thierry, Augustin


Théodora (vers 500-548)

Actrice et courtisane, puis impératrice byzantine

L’histoire personnelle de Théodora est avant tout connue par les témoignages (souvent contradictoires) de Procope de Césarée, historien officiant comme secrétaire du général Bélisaire. Il décrit une femme née vers 500 à Constantinople, dans le milieu du cirque et du pornéin, c’est-à-dire des bordels.

Il semble en effet que Théodore exerce la prostitution, puis la courtisanerie, en tant que maîtresse d’un haut fonctionnaire syrien, Hécébolus. Répudiée en 520, elle revient à Constantinople et demande asile à l’Église, puis se rend à Alexandrie et à Antioche. Dans cette dernière ville, elle rencontre une danseuse, Macédonia, influente informatrice de Justinien, alors neveu de l’augustus (empereur). Celle-ci coopte Théodora, qui rencontre Justinien et en devient la maîtresse officielle alors que celui-ci devient consul.

Afin que Justinien puisse se marier avec Théodora, il convainc son oncle empereur de l’élever au rang de patricienne et d’abroger la loi interdisant le mariage aux anciennes actrices (524). Justin mourant trois années plus tard, et Justinien étant désigné comme nouvel empereur byzantin, elle accède à une surface sociale et à un rôle politique inespéré pour une femme de sa condition. Participant aux Conseils d’État, elle l’inspire notamment sur le plan religieux.

Augustin Thierry (1795-1856)

Historien français

Né à Blois, il est le fils d’un bibliothécaire modeste. Collégien, il se distingue par ses résultats, obtient différents prix. Son niveau lui permet d’entrer à l’Ecole normale supérieure (ENS), en 1811. Bachelier-ès-lettres et sciences, il obtient par la suite une licence de lettres, diplômes rares pour son époque.

En 1813, après ses études, il part pour Compiègne, où il compte enseigner les humanités. Mais il revient vite à Paris. Républicain, il se rapproche de Saint-Simon, dont il devient le secrétaire et se revendique être le fils adoptif, sans tout partager du saint-simonisme. En effet, son vrai credo n’est pas l’engagement politique, mais la recherche historique. La lecture des Martyrs de Châteaubriand l’influence alors fortement.

Entré à la rédaction du Censeur en 1817, il incline par la suite aux idées libérales. Il y assure l’écriture d’articles historiques. Ses sujets sont variés (Grandes invasions, histoire de l’Angleterre médiévale, développement du parlementarisme…) mais toujours marqués par l’intérêt porté aux sources, ce qui est alors nouveau.

GB


  • V

Vaudès, Pierre — Vespucci, Amerigo  Viansson-Ponté, Pierre


► Pierre Vaudès (1140-1217)

Marchand, prédicateur

Ce riche marchand lyonnais choisit de mettre ses ressources au service d’une traduction  de la Bible en langue vernaculaire, rendant les Ecritures plus accessibles. Donnant par la suite tous ses biens, il suit un idéal de pauvreté apostolique qui le conduit à fonder une fraternité des pauvres à Lyon.

Excommunié en 1184, le mouvement qu’il vient de créer – le valdésisme – est considéré comme schismatique puis hérétique, et donc interdit par l’Église. Les persécutions qui s’ensuivent conduisent Vaudès et les Vaudois à l’exil, en Italie et dans le Languedoc. Ultérieurement, les protestants le considèrent comme un précurseur.

► Amerigo Vespucci (1412-1512)

Commerçant florentin, navigateur

Né à Florence, mais se mettant au service de la Castille, Amerigo Vespucci est l’un des pionniers des voyages transatlantiques. Avec son patronyme, est nommé le continent du Nouveau monde : les Amériques, en 1507. Nommé comme Pilote majeur de Castille, il enseigne le maniement de l’astrolabe et du quadrant.

Après avoir découvert le Venezuela aux côtés d’Alonso de Ojeda, il s’investit à partir de 1509 dans le gouvernorat de Veragua, récemment constitué aux Antilles. Il y connaît un premier grand échec financier, qui discrédite beaucoup son image, et contribue à sa légende noire. Vespucci meurt trois ans plus tard, à Séville.

Pierre Viansson-Ponté (1920-1979)

Journaliste et homme politique français

Né en 1920 à Clisson, en Loire-Inférieure (actuelle Loire-Atlantique), Pierre Viansson-Ponté fait ses études chez les jésuites. Jeune adulte alors qu’éclate la guerre, il sert comme aspirant dans les chars durant la bataille de France. Après signature de l’armistice, il s’engage dans la Résistance.

Devenu docteur en droit à la Libération, il entre à l’Agence France-presse (AFP). Cofondateur avec Jean-Jacques Servan-Schreiber du journal L’Express en 1953,  proche des idées de Pierre Mendès France, il en devient le rédacteur en chef. En parallèle, il commente la vie politique pour Le Monde, successivement comme chef du service politique et rédacteur en chef adjoint. C’est dans ce journal qu’il écrit, en mars 1968 son célèbre Quand la France s’ennuie, article dont le titre semble ne pas présager les événements de Mai-68, mais qui en annonce pourtant quelques signes avant-coureurs.

Intellectuel prolifique, il s’engage politiquement, se faisant élire conseiller municipal à Bazoches-sur-Guyonne, dans les Yvelines. De même, il dispense des enseignements en Sorbonne et écrit différents livres sur la politique française de son temps : Risques et chances de la Ve République, Après de Gaulle, qui ?… Viansson-Ponté meurt en 1979, dans le 5e arrondissement de Paris, des suites d’un cancer.


  • W

Walter, Gérard — Wilhelmine


► Gérard Walter (1896-1974)

Historien contemporanéiste français

Après un premier travail historique sur une histoire du communisme, en 1931, Gérard Walter se spécialise dans la Révolution française. De cet intérêt, naissent une multitude de livres : Hébert et le père Duchesne, La Révolution française vue par ses journaux, Histoire des Jacobins

On lui doit aussi des biographies novatrices de figures comme Marat, Robespierre, Babeuf ou Lénine. En parallèle, Walter est directeur du département des imprimés au sein de la Bibliothèque nationale de France (BNF) à partir de 1939. Au-delà de ses écrits sur la Révolution, il contribue également à la réédition critiques d’anciens textes.

Wilhelmine (1880-1962)

Reine des Pays-Bas

Figure majeure de l’histoire néerlandaise, Wilhelmine est avant tout connue pour son refus de l’occupation des Pays-Bas par les Allemands durant la Deuxième guerre mondiale, et sa résistance en exil. Née à la Vielle cour de La Haye, elle est la fille du roi Guillaume III. Son père meurt lorsqu’elle a dix ans.

Après une période de régence, Wilhelmine règne personnellement à partir de 1898. Son mariage est l’objet de tractations entre sa mère et le Kaiser, sur fond d’hostilité au prétendants britanniques éventuels, en pleine guerre des Boers. Finalement, c’est Henri de Mecklembourg-Schwerin qui lui est choisi comme époux. Cette alliance contribue également à la neutralité des Pays-Bas, en 1914.

Toutefois, Wilhelmine se voit affaiblie par les Alliés, qui capturent des navires de commerce néerlandais, puis par les socialistes, excités par la révolution bolchevique, qui tentent un coup d’Etat. La reine rétablit toutefois son assise durant l’entre-deux guerres, industrialisant le pays et reconquérant les territoires engloutis de Zuyder-Zée. Mais, comme nombre de dirigeants européens, elle peine à endiguer la montée des périls. Elle doit ainsi subir une invasion allemande sans préavis, en mai 1940. En quelques jours, les Néerlandais sont vaincus, et la reine exfiltrée vers Londres, d’où elle appelle à la résistance.

GB