À la suite de notre chronique littéraire, retrouvez dès à présent nos notes de lecture de l’ouvrage « Antonio Gramsci. Vivre, c’est résister », par Jean-Yves Frétigné, ainsi que quelques extraits marquants.
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Sur l’influence des analyses de Machiavel : « D’où vient que les analyses politiques de ce fonctionnaire de second rang lui valurent, dès son époque, et définitivement, une aura – sulfureuse – d’envergure européenne ? »
— Jean-Yves Boriaud, page 10
« Comment les réflexions d’un diplomate subalterne, dans une république de cinquante mille habitants, avaient-[elles] pu gagner assez d’universalité pour renouveler une science politique plusieurs fois millénaire ? »
— Jean-Yves Boriaud, page 14
Sur l’homme politique idéal : « Nous apprenons (…) à lire l’indispensable De officis, qui trace le portrait de l’homme politique idéal dans une république.
— Jean-Yves Boriaud, page 13
Sur l’invasion française de Florence : « L’époque où Machiavel entrait dans la carrière n’était guère facile. Quatre années seulement s’étaient écoulées depuis le grand traumatisme qui avait frappé l’Italie, de Milan à Naples, à l’automne 1494 : la Discesa, la « Descente », le « déferlement » des troupes françaises de Charles VIII, prodrome d’un fléau récurrent qui ruinera le pays jusqu’en 1559 les onze « guerres d’Italie ». »
— Jean-Yves Boriaud, page 51
Sur les institutions florentines : « En 1498, la République florentine, pour assurer cette liberté qui est sa raison d’être, s’est dotée d’institutions compliquées fondées sur des équilibres fragiles entre conseils divers et magistrats nommés pour de courtes périodes, tout cela afin d’éviter le danger absolu : la tyrannie. Cette administration est donc de fonctionnement complexe, très hiérarchisée, et en même temps, en principe, très ouverte. »
— Jean-Yves Boriaud, page 82
Sur l’opinion de Machiavel concernant le mercenariat : « Machiavel, indubitablement, baignait dans cette atmosphère de méfiance à l’égard des mercenaires, soupçonnés de n’avoir guère de scrupules à changer de camp. »
— Jean-Yves Boriaud, page 101
Sur la raison d’État selon Machiavel : « Si [Paolo Vitelli] s’était emparé de Pise, personne ne niera que les Florentins n’auraient pu faire autrement que rester avec lui : s’il s’était alors mis à la solde de leurs ennemis, la situation était sans remède, et s’ils l’avaient gardé, ils auraient été contraints de lui obéir » (Le Prince, XI). Donc, logiquement et clairement, une seule solution : l’élimination. Au nom de l’intérêt de ce que nous appellerions – au prix d’un anachronisme – l’Etat, en l’occurrence celui de la cité-Etat, modèle politique du temps. »
— Jean-Yves Boriaud, page 103
Sur la guerre de Florence contre Pise : « La question [de la guerre contre Pise] était d’importance, et révélait la fracture qui divisait Florence d’un côté, les artisans du popolo minuto, essentiellement intéressés par le marché local, et de l’autre les aristocrates, dont la fortune reposait sur l’exportation, et pour qui il était capital de s’assurer le port de Pise. Bref, les classes moyennes refusaient de financer, par leurs impôts, une politique extérieure qu’elles ne cautionnaient pas. Or, les Dix, qui décidaient de la paix et de la guerre, étaient en majorité des aristocrates, censés disposer du prestige suffisant pour les grandes missions diplomatiques. »
— Jean-Yves Boriaud, page 105
Sur les rapports entre Machiavel et Louis XII : « Pour la première fois, [Machiavel] allait être confronté au fonctionnement d’un véritable État-nation gouverné par un prince, lui qui n’avait négocié jusque-là qu’avec des cités-Etats sous la coupe de dynastes accidentels. »
— Jean-Yves Boriaud, page 112
Sur la cour de Louis XII : « « Le tiers de cette cour [de France] se compose d’Italiens. », à sa grande surprise : des Milanais, des Napolitains, des Vénitiens venus demander qu’on s’armât contre les Turcs, des Pisans intriguant contre Florence, comme le frère de ce Vitelli que la République venait d’exécuter… Tout ce beau monde, à la recherche de l’appui de la première puissance du temps, se côtoyait donc, au sein de la cour remanié, dans une ambiance délétère. »
— Jean-Yves Boriaud, page 119