À la suite de notre chronique littéraire, retrouvez dès à présent nos notes de lecture de l’ouvrage « Robespierre, la fabrication d’un monstre », par Jean-Clément Martin, ainsi que quelques extraits marquants.
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Sur Maximilien Robespierre et la Terreur : « Le chef de la tyrannie populaire la plus funeste et la plus sanglante qui ait tourmenté l’espèce humaine, était le fils d’un avocat d’Arras. […] Cependant, il ne faut pas croire qu’il ait été l’auteur de tous les crimes dont l’on a chargé sa mémoire. Parmi ses collègues des comités, […] il en est qui, après avoir contribué à le renverser, se sont présentés, encore tout couverts du sang et de dépouilles comme les défenseurs de la justice et de l’Humanité. »
— Biographie universelle, ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie privée et publique de tous les hommes, vingt-huitième tome, Joseph-François Michaud, 1824
Sur Robespierre orphelin : « Parmi les explications avancées, pour comprendre Robespierre, l’une des plus courantes insiste sur les frustrations qu’il avait subies dans les dernières années de l’Ancien Régime, et dont il se serait vengé en profitant de la liberté offerte par la Révolution, si bien que les récits qui le décrivent de sa naissance à son élection aux États généraux — de 1758 à 1789 — ressemblent souvent à ce que Jean-Paul Sartre, lui aussi orphelin de père élevé par des femmes, a raconté dans L’Enfance d’un chef. »
— Jean-Clément Martin, page 17
Sur le compliment royal à Louis XVI : [Robespierre] « a-t-il été choisi, en 1775, pour prononcer au nom du collège [Louis-le-Grand] le compliment au jeune Louis XVI ? La scène, qui le présente, sous la pluie, à genoux, au pied du carrosse royal, est devenue légendaire. Son récent biographe, Hervé Leuwers, ne trouve pourtant pas de trace archivistique garantissant l’authenticité de l’anecdote, et ne peut pas proposer une date, qui correspondrait à une « entrée solennelle » du roi dans Paris, mais il se garde pourtant de la rejeter comme impossible. »
— Jean-Clément Martin, page 17
Sur Robespierre avocat : [Robespierre] « s’est approprié des idées essentielles qu’il a su organiser dans une plaidoirie efficace, pour emporter l’assentiment d’un auditoire. La gloire qu’il en a obtenue est éphémère, mais, il a su s’imposer dans son milieu et dans sa ville. Cette façon de faire sera renouvelée : il sait se saisir d’arguments venus de la culture classique comme de débats contemporains, proposés par d’éventuels spécialistes, pour bâtir des démonstrations personnalisées, adaptées aux circonstances. »
— Jean-Clément Martin, page 29
« Sans doute [Robespierre] a-t-il pratiqué une « plaidoirie de rupture », pour reprendre l’expression d’Hervé Leuwers, inspiré par l’exemple de l’avocat Jacques Vergès. Les plaidoiries sont souvent vigoureuses, invoquant les lois et les jurisprudences les plus anciennes, y compris les grands exemples de l’Antiquité, en n’hésitant ni à récuser les lois existantes, ni à contester vigoureusement les parties adverses. »
— Jean-Clément Martin, page 59
Sur les débuts politiques de Robespierre : [Robespierre] « participe au « souffle modeste du doute réformateur » (Daniel Roche) commun aux « républicains des lettres« , ces notables locaux qui profitent des loisirs de leurs charges pour cultiver une sociabilité et une contestation de bon ton. N’y voyons pas l’annonce d’une position véritablement révolutionnaire, mais ne la réduisons pas non plus à un écrit de circonstance. lorsque le foi réforme les États généraux et demandera que des cahiers de doléances soient rédigés, les Français viendront puiser. »
— Jean-Clément Martin, page 35
Sur la vie affective de Robespierre : « Hormis quelques médiocres anecdotes, quelques lettres ampoulées et des bruits incertains sur des projets matrimoniaux, Robespierre manifeste à l’évidence peu d’intérêt pour le sexe. Ce trait ne lui est pas propre, quoi qu’on s’en dise. »
— Jean-Clément Martin, page 38
Sur les mémoires de Robespierre : « Les mémoires de Robespierre s’inscrivent manifestement dans l’attente de l’harmonie providentielle de la raison et du cœur, étudiée par l’historien Robert Mauzi. Cette sensibilité optimiste, commune aux franges cultivées de la société, rêve d’un homme spontanément soucieux de sa dignité et de son importance dans le monde. Elle conjugue confiance dans la Nature et foi dans le progrès, avec la certitude que le cœur suivra la raison, que la raison individuelle se pliera aux normes collectives, et que l’ordre social condamnera les grands, maintiendra le peuple dans la frugalité heureuse d’un bonheur médiocre. »
— Jean-Clément Martin, pages 55-56
Sur l’élection des représentants aux États généraux de 1789 : « Soulignons que la Monarchie organise […] la compétition électorale la plus ouverte de toute la période, puisque aucune des élections ultérieures ne se réalisera sur des bases aussi égalitaires. »
— Jean-Clément Martin, page 64
Sur la propre élection de Robespierre : « L’alliance de Robespierre avec les « non-corporés », dont les savetiers, pour lesquels il rédige le cahier de doléances, est symbolique. Il prend la défense de l’un d’entre eux, un certain Lentillette, moqué pendant une réunion. Robespierre, devenu ainsi le porte-parole du petit peuple, achève la rupture avec son milieu. »
— Jean-Clément Martin, page 67
Sur l’anonymat initiale de Robespierre : « Si [Robespierre] fait désormais partie du petit groupe de députés qui orientent l’Assemblée, sa notoriété met du temps à s’établir. En témoigne l’incertitude qui pèse longtemps sur son nom, orthographié « Robert-Pierre », « Robertz-Pierre », « Rabaisse-Pierre » ou simplement « Robert » par les publicistes, à vrai dire souvent hostiles à ses idées. »
— Jean-Clément Martin, page 92
Sur la Patrie en danger : « Ô, citoyens ! La Patrie est en danger ; des ennemis domestiques plus redoutables que les armées étrangères trament en secret sa ruine. »
— Maximilien Robespierre, mars 1789