À la suite de notre émission Élection marquante, retrouvez dès à présent notre note historique sur la présidentielle américaine de 1928. Cet événement politique se situe durant les années d’entre-deux guerres, au sortir du mandat de Calvin Coolidge.
► Calvin Coolidge, président d’un seul mandat
Durant l’été 1927, à la surprise générale, Calvin Coolidge, président des États-Unis en exercice depuis quatre ans, décide de ne pas se représenter à l’élection présidentielle suivante, en arguant qu’un second mandat lui aurait fait passer près de dix ans à la Maison blanche. En conséquence, la fin de l’année impose au Republican Party (Parti républicain) de se choisir un candidat, doublé d’un colistier qui héritera de la vice-présidence en cas de victoire. La convention du parti qui entérinera ce choix se tient en juin 1928 à Kansas City, dans le Missouri.
Le mandat de Coolidge s’inscrit dans la lignée des présidents républicains, qui n’est interrompue que par le démocrate Woodrow Wilson (1913-1921). Les grands traits de leur programme sont la conservation du modèle prohibitif et isolationniste américain.
Cependant, la politique économique connaît une inflexion libérale sous le mandat de Coolidge, à partir de 1924. La position de première puissance financière acquise au lendemain de la Première guerre mondiale, conjugué aux marchés que l’on trouve dans une Europe grande débitrice de l’Amérique, encourage la surproduction, mais rend la stabilité de l’économie dépendante du bon remboursement des prêts de guerre (de l’Allemagne vers la France et le Royaume-Uni, puis de la France et du Royaume-Uni vers les États-Unis). La situation politique et économique de l’Europe est donc alors de première importance.
► Le continuateur républicain : Herbert Hoover
La convention républicaine choisit la continuité, en désignant l’ancien secrétaire au Commerce de Coolidge, Herbert Clark Hoover (1874-1964), originaire de l’Iowa. Son colistier, Charles Curtis (1860-1936) est un sénateur de l’État du Kansas.
L’objet principal de la campagne est la prospérité, avec un slogan qui illustre parfaitement l’idéal américain de l’époque pré-chaotique « A chicken in every pot, a car in every garage », à savoir « Un poulet dans chaque casserole, une voiture dans chaque garage ».
► Un outsider démocrate : Albert Smith
Face au candidat du président sortant, se présente le démocrate Albert Emmanuel Smith (1873-1944), politicien chevronné de New-York : représentant à la Chambre de cet État, ancien gouverneur. Catholique et proche de l’électorat juif, Smith possède un profil étonnant dans la scène politique américaine de l’époque. Candidat à la vice-présidence à ses côtés, le sénateur de l’Arkansas Joseph Robinson (1872-1937) est un grand notable du Sud.
Les prises de positions hésitantes de Smith sur la Prohibition fragilisent considérablement sa campagne. De même, sa foi catholique semble plutôt être un frein pour beaucoup d’électeurs (bien que les catholiques représentent un quart des Américains).
► Les résultats électoraux
Logiquement, les résultats électoraux, en novembre, départagent deux Amériques, d’ailleurs inégales. Dans l’essentiel de la Côte pacifique, dans le Midwest et dans l’État-pivot de Floride, le républicain Hoover est vainqueur. À New-York, en Caroline Nord et dans la majorité des États du Sud, le démocrate Smith l’emporte.
Mais, en termes de vote populaire aussi bien qu’en grands électeurs, les républicains et Hoover sont largement majoritaires. Se dessine ainsi une carte électorale avant tout en rouge, avec plus de 21 millions de voix pour Hoover (58 %) contre 15 millions pour Smith (41 %). Plus décisif encore, le vote des délégués donne près de 84 % des voix au républicain : 87 mandats sur 531.
— Benjamin RATICHAUX