« Jeanne d’Arc en vérité » : extraits marquants


À la suite de notre chronique littéraie, retrouvez dès à présent nos notes de lecture de l’ouvrage « Jeanne d’Arc en vérité », par Gerd Krumeich, ainsi que quelques extraits marquants.


Sur la méthode de travail de Gerd Krumeich : « On ne peut qu’approuver, [concernant Krumeich] son agnosticisme méthodologique, à propos d’une histoire où, comme il le dit fort bien, « les convictions et les croyances ne cessent d’interférer dans le débat scientifique ». »

Page 11

Sur le sacre du roi de France : « Dans les milieux de la noblesse et des chevaliers, la nécessité et l’efficacité du sacre étaient controversées, mais la croyance des simples gens dans le mythe du couronnement restait inébranlable. En exigeant de sacrer impérativement le roi à Reims, Jeanne d’Arc était à l’unisson des convictions fondamentales des hommes de son temps. La popularité et la crédibilité de la Pucelle reposaient sur cette profonde communion avec les croyances du peuple. »

Page 106

Sur la reconquête des villes passées à l’Angleterre : « Le roi lui-même, désormais sacré, poussa manifestement – au moins pendant un certain temps – à la reconquête militaire de l’ensemble des territoires anglo-bourguignons situés entre Reims et Paris. Ce dessein s’explique peut-être aussi par le fait que, pour parachever son sacre, il devait se rendre à la basilique abbatiale de Saint-Denis, dans la crypte des rois de France. »

Page 110

Sur les rapports entre la cour et Jeanne : « Au compte de la « trahison » de la Pucelle, on peut cependant mettre le fait que Charles VII et ses conseillers ne voulurent pas vraiment (ou ne purent pas) prendre ouvertement position contre l’ardeur belliqueuse de Jeanne. Ils privilégièrent une sorte de stratégie durable, la laissant poursuivre les combats tout en engageant, contre son gré, voire à son insu, des négociations. »

Page 120

« Il fallut lever le siège de Paris. Pour Jeanne d’Arc, ce fût le premier grand revers. Elle s’était fermement crue envoyée par Dieu, et avait fait confiance à sa fougue pour arriver à entraîner tout le monde à sa suite. Cependant, depuis le sacre de Reims, il lui avait fallu, admettre que les partis en présence ne considéraient pas nécessairement la guerre comme une mission divine, mais comme une action essentiellement politique. »

Page 125

« Le sort de Jeanne laissa apparemment le roi Charles indifférent. À tout le moins, nous ne disposons d’aucune source où il s’exprime en cette affaire. Sa correspondance – avec la ville de Reims par exemple – n’évoque pas non plus les exploits ou la mort de Jeanne d’Arc. Le fossé était trop profond entre la ligne belliqueuse de la Pucelle et la politique du roi, faite de négociations et de compromis avec la Bourgogne. »

Page 171

Sur le patriotisme à l’époque de Jeanne : « D’où vint le secours qui chassa les Anglais et releva le trône de Charles VII, lorsque tout paraissait perdu ? […] N’est-ce pas d’un élan de fanatisme patriotique dans les rangs des pauvres soudoyés, et de la milice des villes et des villages ? L’aspect religieux que revêtit cette révolution n’en est que la forme : c’était le signe le plus énergique de l’inspiration populaire. »

Augustin Thierry, 1820

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