« Blanche de Castille » : extraits marquants


À la suite de notre chronique littéraire, retrouvez dès à présent nos notes de lecture de l’ouvrage « Blanche de Castille », par Georges Minois, ainsi que quelques extraits marquants.


Sur les biographies relatives au Moyen âge : « En 2006, un ouvrage britannique, Writing Medieval Biography, 750-1250, a fort bien mis en valeur [des] difficultés très inhérentes à la composition d’une biographie médiévale. Les lacunes sont particulièrement étendues en ce qui concerne la période de l’enfance, au cours de laquelle se forme la personnalité. L’enfance n’intéresse pas les chroniqueurs médiévaux ; jusque vers douze ans, l’individu n’existe pas ; tout comme l’enfance de Jésus, qui n’est qu’un tissu de légendes apocryphes, l’enfance des princes médiévaux m’émerge qu’à travers des anecdotes totalement inventées. L’homme ou la femme naît vers douze ou treize ans. Cette première difficulté est aggravée dans le cas des femmes. »

Page 8

Sur Philippe-Auguste, empereur potentiel : « Peu tenté par les aventures extérieures, il [Philippe-Auguste] ne revendiquera jamais le titre d’Imperator, qu’il aurait pu envisager au cas où les droits des Capétiens sur l’Angleterre auraient été reconnus. Plusieurs clercs de son entourage le lui suggèrent pourtant, à commencer par Rigord, qui lui attribue le surnom d’Augustus, […] resté dans l’Histoire. »

Page 63

Sur les villes du royaume de France : [Tours est] « assise entre deux fleuves, agréable par les eaux qui l’avoisinent, riche en arbres fruitiers et en grains, fière de ses concitoyens, puissantes par son clergé et décoré par la présence du corps très saint de l’illustre prélat [Martin] ; Angers, ville riche autour de laquelle s’étendent les champs chargés de vignes, qui fournissent à boire aux Normands et aux Bretons ; Nantes, qu’enrichit la Loire poissonneuse et qui fait, avec les pays lointains, un commerce de saumons et de lamproies. […] Caen est tellement pleine d’églises, de maisons et d’habitants qu’elle se reconnaît à peine inférieure à Paris. »

Guillaume Lebreton, cité en page 74

« Pour Philippe-Auguste, il s’agit d’intégrer les villes dans le système monarchique national, selon les deux fonctions que l’on est en droit d’attendre de groupes laïcs, la fonction militaire et la fonction économique… Philippe-Auguste les considère comme des points d’appui de la puissance monarchique. Là s’arrête sa prétendue « alliance » avec les bourgeois. […] La monarchie s’installe. Elle s’installe aussi dans les villes. Elle prend sous son contrôle et sa coupe, pour le bien commun des villes et du royaume, des domaines essentiels de la vie urbaine : poids et mesures, métiers, justice, finances. »

Jacques Le Goff, cité en page 78

Sur le catharisme : [L’hérésie cathare] « fait naître continuellement de nouveaux monstres, pour lesquels sa corruption se renouvelle vigoureusement après que cette descendance a passé à d’autres le cancer de sa propre folie, et ainsi apparaît une détestable succession de criminels… La peste de l’hérésie et la furie de l’ennemi n’ont cessé de grandir, et à moins que le navire de l’Église ne soit protégé contre nouvelle attaque, et avant qu’il ne fasse naufrage complètement dans cette région, nous vous demandons instamment, [Philippe-Auguste] nous vous encourageons avec ferveur, et dans une telle crise nous vous enjoignons avec confiance dans la force du Christ, en vous garantissant la rémission des péchés, de ne pas tarder à aller combattre tant de maux et d’entreprendre d’aller porter la paix à ces peuples au nom de celui qui est le Dieu de la paix et de l’amour. »

[Innocent III], cité en page 109

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