NOTE — La fin du siège d’Alésia


À la suite de notre émission Date-clef, retrouvez dès à présent notre note historique sur la fin du siège d’Alésia. Cet événement conclut la guerre des Gaules, par la défaite du Vercingétorix contre César.


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► La Gaule à l’arrivée de Jules César

Dans leur Histoire de la Gaule, VIe siècle avant Jésus-Christ-Ier siècle après Jésus-Christ, somme de près de huit cents pages, Danielle et Yves Roman décrivent la Gaule d’avant l’invasion romaine de la sorte :

[C’est un] « monde à la fois brillant et malade, car les capacités exceptionnelles du sol, qui devaient émerveiller Strabon, alliées à celles non moins remarquables d’un peuple passablement entreprenant, étaient gâtées par des déchirures sociales, une inadaptation militaire, sans parler de cette donne mal connue que représentait le poids du druidisme. »

C’est cette Gaule paradoxale et fractionnée que compte envahir Jules César, en 58 avant Jésus-Christ. Celui-ci, gouverneur depuis quelque mois, veut agrandir les territoires contrôlés par la République romaine, et un coût d’éclat pour dominer le Sénat.

La Gaule est alors perçue positivement par les Romains, car comme le confirment les observations de Strabon (63 avant Jésus-Christ-23 après Jésus-Christ), on la sait riche de denrées agricoles et de minerais utiles. Ainsi, comme l’indique Quintilien (35-96) dans le sixième volume de De institutione oratoria (Institution oratoire) :

« La [Gaule] celtique toute entière […] produit du blé en abondance, du millet et des glands, toutes les espèces de bétail et d’élevage y prospèrent. On n’y voit pas de sol inactif, sauf en quelques endroits défendus par des étangs et des forêts. »

Cette terre séduit aussi les Romains pour ses hommes. Les Gaulois sont ainsi réputés être les meilleurs étameurs. Ils sont d’ailleurs les inventeurs de ce procédé. De manière générale, les Gaulois sont considérés comme les meilleurs métallurgistes au monde. Ils se font notamment connaître par la formation d’épées de fer carburé. Les Gaulois ont par ailleurs un niveau de maîtrise correct de la céramique.

Pour autant, l’excellence technique des Gaulois dans un certain nombre d’industries n’empêche pas leur instabilité sociopolitique. Roman parle même d’un « pourrissement des structures politiques, sociales et militaires« . C’est ce que rappelle César dans le cinquième livre de ses Comentarii belli Gallica (Commentaires de la Guerre des Gaules).

► La conquête des Gaules

Soucieux d’augmenter sa fortune et son prestige, César se décide à envahir la Gaule, en 58 avant Jésus-Christ. Sa conquête est rapide, ponctuée de retournement d’alliances en faveur de Rome (Lingons, Rémes et Trévires). La République est même assez forte pour envoyer des expéditions vers les îles Britanniques et le Rhin.

Cependant, les peuplades celtiques tendent à se coaliser. En 52 avant Jésus-Christ, elles se trouvent un chef : Vercingétorix, un arverne. Celui-ci rassemble les tribus du centre de la Gaule, et repousse efficacement les Romains à Gergovie en avril, obligeant César à revoir ses plans. L’imperator réforme alors sa cavalerie, et revoit de fond en comble l’approvisionnement de ses légions.

Mais les Romains reprennent vite le dessus. En août, Vercingétorix est désormais encerclé dans l’oppidum d’Alésia, en territoire mandubien (en actuelle Côte-d’Or). Acculé, il fait partir préventivement une partie de sa cavalerie, avec comme mission de revenir avec une armée de secours. Le temps presse, car Alésia n’a qu’un mois de provisions.

► Un dispositif de siège complexe

Le siège est mis par quelque 82 000 hommes, dont avant tout les douze légions de César, et une minorité de supplétifs germains, puis quelques Gaulois liés à Rome. Selon la description de César, l’oppidum est établi sur une hauteur, entre deux cours d’eau.

Privilégiant le siège à l’assaut, l’imperator veut affamer les Gaulois. Il met en place deux lignes de fortifications (contrevallation et circonvallation), qui isolent l’oppidum, tout en empêchant d’une éventuelle arrivée des secours gaulois. La première ligne à elle-seule représente un périmètre de l’ordre d’une quinzaine de kilomètres. Le fossé fait jusqu’à quatre mètres cinquante de largeur et de profondeur, il est partiellement remplie d’une eau marécageuse et surmontée d’un remblai de trois mètres cinquante, puis d’un pluteus (palissade à pieux). En établissant les lignes de défense, l’armée romaine tire parti du relief du site, s’assurant un ravitaillement continu en eau.

Rapidement à court de vivres, les Gaulois sont contraints de faire sortir les femmes, enfants et vieillards, que les Romains refuse de laisser passer. Ceux-ci meurent donc de faim, entre les deux camps.

L’armée de secours, 240 000 fantassins et 8 000 cavaliers, commandés par Commios (vers 80-après 20 avant Jésus-Christ) et Vercassivellaunos (vers 80-46 avant Jésus-Christ), arrive trop tardivement. Mais elle accroît spectaculairement la concentration des combattants sur le site, lesquels sont désormais environ 400 000.

► La reddition gauloise

Le combat final dure une douzaine d’heures. L’armée de secours tente d’accéder à l’oppidum par des échelles et des harpons, en pleine nuit, ce qui occasionne de lourdes pertes. La manœuvre difficile des engins d’assaut gaulois perd rapidement ces derniers. Les combats sont marqués par une pleine lune rouge, résultant de phénomènes astronomiques, et que les Gaulois considèrent comme un mauvais signe.

La reddition de Vercingétorix, vers le 22 septembre, entraîne la mise en esclavage de la plupart des guerriers gaulois, sauf les Éduens, alliés de Rome, et les Arvernes, pour leur courage. Cet épisode marque quasiment la fin de la guerre des Gaules. Celles-ci deviennent provinces romaines en 50 avant Jésus-Christ. Vercingétorix, pour sa part, est capturé, transporté triomphalement à Rome, et y meurt en prison, en 46 avant Jésus-Christ.


BIBLIOGRAPHIE

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  • DUVAL (Alain) et al.. Vercingétorix et Alésia. RMN, 1994
  • FELLMANN (Rudolf), GOUDINEAU (Christian), GUICHARD (Vincent), REDDE (Michel), SOULHOUL (Henry). Caesar und Vercingetorix. Mayence, Philipp von Zabern, 2000
  • GOUDINEAU (Christian). César et la Gaule. Paris, Errance, 389 p., 1990 (rééd. 2000)
  • LE BOHEC (Yann). Alésia, 52 avant Jésus-Christ. Paris, Tallandier, 224 p., 2012
  • LE GALL (Joël). Alésia, archéologie et histoire. Paris, Fayard, 223 p., 1976
  • LEWUILLON (Serge). 52 avant Jésus-Christ, Vercingétorix à Alésia. Complexe, 1999
  • PORTE (Danielle). Vercingétorix, celui qui fit trembler César. Paris, Ellipses, 528 p., 2013
  • ROCHARD (Jean-Jacques). Vercingétorix le Gaulois. Paris, La Table ronde, 258 p., 1967
  • VOISIN (Jean-Louis). Alésia : un village, une bataille, un site. Messigny-et-Ventoux, Éditions de Bourgogne, 2012

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