« Les Îles britanniques au Moyen âge » : extraits marquants


À la suite de notre chronique littéraire, retrouvez dès à présent nos notes de lecture de l’ouvrage « Les Îles britanniques au Moyen âge », par Jean-Philippe Genet, ainsi que quelques extraits marquants.


Sur la richesse du bassin de Londres : « Les riches terres du bassin de Londres contrastent avec les maigres sols granitiques des hautes galloises, écossaises ou irlandaises : de hautes terres hostiles. »

— Jean-Philippe Genet, page 3

[Les] « communications difficiles dans les Îles britanniques, ce relief âpre et clairsemé, expliquant […] que les Îles britanniques aient toujours été jusqu’au XVIIe siècle partagées entre plusieurs pouvoirs. Au Sud, seul le bassin de Londres, par sa richesse naturelle, son étendue et la facilité de ses communications, peut permettre à une puissance importante de s’épanouir ; il est perpétuellement l’enjeu des luttes les plus vives, et c’est là que ce sont fixées les plus puissantes tribus celtes, là que s’est organisée la province romaine de Bretagne. »

— Jean-Philippe Genet, page 4

Sur la Britannie romaine : « Une flotte efficace, la Classis britannica, fut organisée [en Bretagne romaine], mais son commandant, Carausius, se sachant soupçonné d’avoir partie liée avec les pirates, prit les devants et se proclama empereur : de 287 à 293, il régna sur la Bretagne, déjouant les efforts du César chargé de cette partir de l’Empire, Constance Chlore, avant d’être assassiné par l’un de ses officiers, Allectus. La flotte de Constance Chlore réussit enfin à ramener la Bretagne dans le giron de l’Empire, en 296. »

— Jean-Philippe Genet, page 15

Sur la christianisation en Irlande : « Le christianisme, en atteignant l’Irlande, se diffuse dans une zone qui n’a pas été romanisée : il se développe dans un relatif isolement par rapport à Rome, dans un contexte proprement celtique, d’où un certain nombre de particularismes. Si dès le VIe siècle, l’Irlande est assez chrétienne pour à son tour propager le christianisme en terre païenne, elle offre une tradition différente de celle du christianisme romain : comme les Celtes de Bretagne, les Irlandais ont adopté un type de tonsure particulier ; surtout, le calcul de la date de Pâques […] ne donne pas le même résultat. »

— Jean-Philippe Genet, page 24

Sur les invasions saxonnes : « Les Germaniques sont présents dans l’île dès avant le départ des Romains, et se transforment au cours du Ve siècle en conquérants ; si une accalmie se produit à la fin du Ve siècle, la poussée reprend plus vigoureuse encore au VIe siècle. Un quatrième ensemble [avec les Bretons, les Pictes et les Irlandais] apparaît ainsi, créant dans l’île une nouvelle division, aussi déterminante que celle introduite par Rome : il est frappant de constater que les territoires que les Anglo-Saxons finissent par occuper coïncident presque avec ceux de la Bretagne romaine. »

— Jean-Philippe Genet, page 28

« Bède reprend […] une classification ethnique pour décrire la répartition des « peuples » germaniques dans l’île, les combinant avec des orientations géographiques (Est, Ouest, etc.), probablement d’abord utilisées par les ecclésiastiques : on trouve ainsi les Saxons du Sud, de l’Ouest, du Centre et de l’Est (Sussex, Wessex, Middlesex, Essex). Les doutes se sont installés sur le Kent, le nom breton, Cant, étant ici conservé. Les Angles de l’Est sont en East Anglia, mais les autres noms sont purement géographiques : les Angles de l’Ouest sont les Merciens, installés dans la zone frontière (marche) avec les Bretons…« 

— Jean-Philippe Genet, page 32

« Cette suite impressionnante (et pourtant très abrégée) de conflits ne doit pas masquer trois évolutions essentielles. Tout d’abord, si les royaumes sont restés nombreux (et nous ne les avons pas tous mentionnés : citons encore ceux des Hwicce, dans la vallée de la Seem, et des Magonsaetan, aux abords du futur Pays de Galles, jusqu’au IXe siècle) deux seulement jouent encore un rôle important au VIIIe siècle, la Mercie et le Wessex. »

— Jean-Philippe Genet, page 35

Sur la christianisation des Îles britanniques : « La progression de la christianisation au cours du VIIe siècle permet de reprendre le projet grégorien : mais il faut pour cela diviser les diocèses, beaucoup trop vastes. Or, leur division heurte les souverains, qui entendent les utiliser pour renforcer leur pouvoirs : les trois principaux royaumes, le Wessex, la Northumbrie et la Mercie, ont chacun leurs objectifs et leurs intérêts. […] La division des diocèses heurte aussi les évêques en place : diviser leur diocèse est aussi diviser leurs richesses et leur pouvoir. »

— Jean-Philippe Genet, page 39

[Le] « système dynastique [irlandais au Moyen âge] se plaque sur des structures politiques dont l’unité de base est celle des twath, avec à leur tête [des] ri twaithe, « rois de district » (plutôt que rois tribaux, le twath étant une circonscription territoriale) au-dessus desquels sont les rois supérieurs (ruiri, les grands rois), avec au sommet de la pyramide, les rois de province (ri roicid, dit encore ri rcineh, roi des rois supérieurs), et enfin l’ard ri, le grand roi, roi e Tara. La plupart des rois de twath reconnaissent un roi supérieur : ils acceptent ses dons, mais lui paient un tribut et, en général, lui confient des otages. Le roi a toujours un caractère sacré, ce qui implique, par exemple, qu’il ne soit ni mutilé, ni trop malade. »

— Jean-Philippe Genet, page 41

« L‘historien John Le Patourel a forgé l’expression d' »Empire normand », et John Gillingham l’a reprise pour l’Empire Plantagenêt : de fait, le gouvernement de l’Angleterre est indissociable des domaines continentaux du roi, et surtout de la Normandie. A la Normandie originelle, Henri II ajoute le Maine, l’Anjou, la Touraine, bientôt le Poitou et l’Aquitaine. La Bretagne entre dans l’orbite Plantagenêt. »

— Jean-Philippe Genet, page 97

« La conquête normande, à terme, arrache en partie l’Ecosse à son environnement gaélique et scandinave, et fait d’elle une monarchie féodal sur le modèle continental. »

— Jean-Philippe Genet, page 103

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