À la suite de notre chronique littéraire, retrouvez dès à présent nos notes de lecture de l’ouvrage « Histoire du rattachement de l’Alsace à la France », par Jeannine Siat, ainsi que quelques extraits marquants.
Sur les différences entre France et Alsace : « Au départ, [il y a] deux formes politiques, l’une monarchique, militaire, administrative, l’autre « républicaine », oligarchique, élective ; deux religions, l’une catholique, apostolique et romaine, conquérante et « universelle »; l’autre luthérienne, figée dans une orthodoxie financière ; deux structures sociales enfin, la noblesse qui domine à Versailles, même si les postes officiels sont occupés par des représentants de la « ville bourgeoisie », l’autre règne par une bourgeoisie d’affaires et de commerce, régional plus que lointain. [Il y a] un royaume, une république, deux héritages, deux solidarités, deux vocations également. »
— Georges Livet, page 6
Sur les conséquences de la guerre de Trente ans en Alsace : « A Strasbourg, la famine s’aggrave tellement de jour en jour que le Conseil de la ville décide d’en faire sortir trente mille personnes qui s’y étaient réfugiées, sans leur donner de ravitaillement, ces pauvres gens, refoulés vers les campagnes, déterrent les cadavres pour les manger ; toutes les routes sont remplies de cadavres. Certains ont encore dans la bouche de l’herbe ou des racines. »
— Chroniques de Thann, 1635, cité en page 21
Sur l’Alsace durant la Fronde : « La situation se complique au moment ou Beaussan doit quitter l’Alsace pour aller à la guerre, et doit l’Alsace à un subdélégué, Domilliers. Le comte d’Harcourt, gouverneur d’Alsace, essaie de profiter de l’occasion pour faire de la province une terre qui lui appartienne, au même titre qu’elle appartenait aux Habsbourg. La victoire de Mazarin sur la Fronde met fin à cette tentative. Le comte d’Harcourt est démis de sa charge, et l’autorité royale est restituée. On peut dater de 1653 la naissance de l’administration française. »
— Jeannine Siat, page 26
Sur l’annexion de l’Alsace par la France : « Obtenir l’Alsace en fief permettrait à la France de siéger à la Diète, et d’être ainsi étroitement mêlée aux affaires de l’Empire. Puissante, la France peut influencer d’autres représentants à la Diète, et changer le cours de ses décisions. N’espérait-on pas secrètement en France réaliser le dessein de François Ier, qui rêvait de ceindre la couronne d’empereur du Saint-empire romain germanique ? C’était difficile à imaginer au XVIIe siècle, où l’idée d’un peuple allemand unifié commence à naître et à grandir. Contre elle, la France avait aussi la coutume qui veut que chaque élection impériale désigne l’archiduc d’Autriche, et exclut donc toute candidature française. De plus, l’admission de la France à la Diète constituait à elle seule une menace pour l’Empire. »
— Jeannine Siat, page 29