« Antonio Gramsci. Vivre, c’est résister » : extraits marquants


À la suite de notre chronique littéraire, retrouvez dès à présent nos notes de lecture de l’ouvrage « Antonio Gramsci. Vivre, c’est résister », par Jean-Yves Frétigné, ainsi que quelques extraits marquants.


Sur le gramscisme supplantant Gramsci : « Tous les ouvrages qui [ont été consacrés à Gramsci] en français ont toujours fait le choix de présenter la vie d’Antonio Gramsci dans un chapitre préliminaire, voire dans une simple chronologie, plus ou moins étoffée. Il ne faut pas voir dans cette approche un préjugé contre l’exercice biographique, mais plutôt l’idée que la connaissance ne servirait que comme étape préliminaire à l’étude de sa pensée. »

— Jean-Yves Frétigné, page 9

Sur les personnages historiques mythifiés : « Le mythe purifie [l’Histoire], l’innocente, la fonde en nature et en éternité, lui donne une clarté qui n’est pas celle de l’explication, mais celle du constat. En puisant de l’Histoire à la Nature, le mythe fait une économie : il abolit la complexité des actes humains. »

— Citation de Roland Barthes, page 13

Sur l’image des Sardes : « La thèse de l’exploitation des insulaires [sardes] par l’État est d’autant plus vivement ressentie que le comportement des officiers continentaux envoyés pour réprimer les manifestations des travailleurs ou le brigandage s’apparente à celui des troupes coloniales pour « civiliser les indigènes« . »

— Jean-Yves Frétigné, page 31

« Dix-sept ans avant la « Saint-Barthélémy » sarde, la Société d’anthropologie française réunissait ses membres, le 20 avril 1882, dans ses locaux de la rue de l’École de médecine, pour une séance consacrée à l’anthropologie et à l’ethnologie des populations sardes, dont la problématique était de savoir, ni plus ni moins, si ce peuple était intelligent. La réponse des congressistes sera majoritairement négative. Cette idée d’un peuple-enfant, composé de pasteurs paresseux souffrant de différentes tares physiques et morales, s’enracine dans la mentalité italienne. »

— Jean-Yves Frétigné, page 32

Sur l’intellectualisme de Gramsci : « Peut-être, durant ces deux années [1911 à 1913], je n’ai jamais ri, ni jamais pleuré. J’ai vécu exclusivement pour le cerveau, et nullement pour le cœur. »

— Antonio Gramsci, page 41

Sur la critique de la bourgeoisie : « Dans sa rubrique Sotte la Mole, ce qui intéresse le journaliste Gramsci est de dénoncer avec une veine de pamphlétaire tous les Stenterelli — du nom de Stenterello, un personnage de la Commedia dell’arte, représentant le fanfaron bavard et vaniteux — pour mieux appeler à forger un vrai caractère aux Italiens. »

— Jean-Yves Frétigné, page 71

Sur l’opposition Latinité-Germanité : « La guerre n’est jamais analysée dans une perspective militaire, à peine géopolitique, mais appréhendée suivant l’herméneutique culturaliste et néo-idéaliste, dont Gramsci s’est fait une spécialité. Ainsi, à l’instar de Croce et de Gentile, le journaliste d'[Il Grido del popolo] refuse-t-il de concevoir la guerre comme un conflit entre civilisations et, par voie de conséquence, de la justifier au nom de valeurs abstraites et idéales, par exemple comme une opposition entre la Kultur germanique toute mécanique, et la Civiltà latine, toute en finesse spirituelle. »

— Jean-Yves Frétigné, page 77

Sur le conseillisme : « Dans son journal, pourtant intitulé Il Soviet, Bordiga, l’étoile montante du socialisme révolutionnaire, dénonce le risque que les conseils d’usines deviennent des organismes corporatifs qui ne serviraient in fine qu’à renforcer les desseins réformistes des vieux socialistes, tandis qu’il juge que seul le parti, une fois devenu communiste, sera l’instrument le plus adéquat pour délivrer les ouvriers et les paysans de l’oppression capitaliste. »

— Jean-Yves Frétigné, page 102

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